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et de prolonger pour cela sa gauche d’une manière dangereuse, Lee avait-il replié celle-ci en potence dans la direction du Potomac : il fermait ainsi l’isthme et appuyait au fleuve l’extrémité de sa ligne. Le 15 au soir, il n’avait encore pu placer de ce côté que deux brigades du corps de Longstreet, commandées par Hood, car, comme on l’a vu, il n’avait alors que 20,000 hommes avec lui, et il était resté avec le gros de ses forces en face des positions que Mac-Clellan commençait à occuper. Longstreet et Hill s’étaient déployés sur les hauteurs qui bordent l’Antietam, le premier à droite et le second à gauche de la route de Boonesboro ; le terrain qu’ils avaient choisi se prêtait merveilleusement à la défensive. Du haut des coteaux qui s’élèvent sur l’autre rive de l’Antietam, d’où Mac-Clellan l’examinait, il semblait uni et assez ouvert ; mais il était en réalité fort accidenté, et rendait difficile toute manœuvre d’ensemble. Le centre des positions confédérées était marqué par une modeste église de bois, destinée à voir un carnage égal à celui qui avait donné une si terrible célébrité an temple de Shiloh. Situé à égale distance, environ 1,600 ou 1, 800 mètres, du Potomac, de l’Antietam et de la ville de Sharpsburg, Dunker-Church s’élève à l’ouest de la route de Hagerstown, près de la jonction d’une traverse importante qui se dirige au nord-est et d’un bois épais qui vient en cet endroit border la route. Au-delà, dans la direction.de Hagerstown, la route rencontre une vaste clairière ovale, longue d’à peu près 1,300 mètres. Le bois l’enveloppe presque de toutes parts : à l’ouest, la lisière s’écarte seulement de 300 ou 400 mètres de la route, pour s’en rapprocher de nouveau et la suivre pendant quelque temps ; à l’est, cette même lisière décrit un grand arc de cercle et coupe la traverse à environ 1 kilomètre de Dunker-Church. C’est dans cette clairière et dans les deux bois qui s’étendent l’un à l’ouest de la route, l’autre entre la route et la traverse, que la lutte devait être le plus acharnée. Les deux bois sont parsemés de rochers qui offrent un abri facile aux tirailleurs ; mais au-delà, au nord et à l’ouest on rencontre entre ces bois et le Potomac une ligne de collines, dont les pentes découvertes les commandent et les prennent complètement à revers. Entre Dunker-Church et l’Antietam, le terrain est également difficile ; mais, aussitôt que l’on sort du bois qui coupe la traverse, on se trouve en vue des collines de la rive gauche de l’Antietam et dominé par elles. A 400 ou 500 mètres de Dunker-Church, un chemin creux s’embranche à l’est sur la traverse en se dirigeant au sud-est, et vient, après plusieurs zigzags, se rattacher à la route de Sharpsburg à Keedysville. Tel était le terrain choisi par Lee. On voit que, si le 15 au soir il semblait négliger sa gauche, il pouvait, avec des troupes prises à sa droite,