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les fruits du combat livré à l’extrême droite, il faudrait, dans tous les mouvemens de ses troupes, une précision sur laquelle il ne saurait compter.

Le 17 au matin, un soleil éclatant et que n’obscurcit aucune brume vient inonder de lumière les bois qui séparent l’Antietam du Potomac. Hooker a déployé ses trois divisions, Doubleday à droite, Ricketts à gauche et Meade au centre. Celui-ci rencontre le premier la petite division. Starke, qui a relevé Hood, et qui, s’abritant derrière les arbres, les rochers et les murs de clôture, oppose une résistance désespérée à l’attaque énergique des fédéraux. Les Pensyl-vaniens de Meade, aguerris par les rudes épreuves de Beaverdam, de Gaines-Mill, de Glendale et de Manassas, abordent l’ennemi avec impétuosité. La possession du bois est vivement disputée ; l’acharnement est égal, les pertes sont énormes des deux côtés ; presque tous les chefs sont moissonnés, et, au dire des soldats qui prirent part à cette lutte, elle fut plus sanglante que toutes celles dont ils avaient été témoins jusqu’alors. Cependant aux efforts des trois divisions de Hooker, qui ont bientôt été toutes engagées, se joint le feu des batteries fédérales placées sur la rive gauche de l’Antietam, et qui prennent d’enfilade la faible ligne des soldats de Jackson. Ce feu lointain ne pouvait leur faire un mal comparable à l’incessante fusillade à laquelle ils étaient exposés ; mais dans toutes les guerres le moindre danger sur leur flanc suffit souvent pour troubler des combattans épuisés et excités par la lutte, et il en était surtout ainsi dans la guerre que nous racontons, où les armées manquaient de cet élément de stabilité que fournissent ailleurs les anciens soldats. Au bout d’une heure, les confédérés étaient chassés du bois, et, traversant la grande clairière, ils se jetaient dans la forêt qui la borde à l’est, au-delà de la route de Hagerstown, pour y chercher un abri.

Hooker les suit de près et débouche derrière eux, dans l’espace ouvert qui est jonché de morts, de blessés et de débris de toute sorte ; mais, dans cette marche victorieuse, il compte sur un trop facile succès. Cette confiance qui est dans son caractère et qui lui donne tant d’élan le trompe sur l’importance de l’avantage qu’il vient de remporter. Il n’appelle pas à lui Mansfield, laissé en réserve dans les positions qu’il a occupées pendant la nuit. Ne songeant qu’à pousser en avant, il néglige de s’emparer des hauteurs qui s’éloignent graduellement de la route de Hagerstown. Il ne tardera pas à le regretter, car ces hauteurs, limitant à l’ouest la ceinture de bois qui enveloppe la clairière de Dunker-Church, dominent les positions nouvelles dans lesquelles les confédérés ont cherché un refuge. L’artillerie à cheval de Stuart en occupe bientôt les