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Hancock. Nous jetons l’ancre devant la première aux rues en pente et ravinées. L’une et l’autre sont entourées de travaux souterrains, et doivent leur première existence et leur développement aux mines de cette région.

Les mines de cuivre natif du Lac-Supérieur sont connues depuis longtemps. Les missionnaires jésuites, les principaux voyageurs des siècles passés, en parlent dans leurs relations. La France ne sut rien faire pour tirer profit de ces gisemens, et un Anglais, Henry, essaya inutilement de les exploiter en 1771. En 1819 le général Cass, en 1823 le major Long, qui visitèrent ces contrées, n’oublièrent pas de mentionner les immenses amas de cuivre dont les Indiens leur firent connaître l’emplacement. Néanmoins ce ne fut qu’en 1843, lorsque le gouvernement fédéral eut acheté aux Chippeways la péninsule de Keweenaw, que ces mines acquirent une importance et une célébrité réelle. Dès que le pays fut ouvert, se présentèrent en masse, comme c’est l’habitude là-bas, les pionniers, les colons, les mineurs. Une grande émigration eut lieu, chacun voulut avoir une concession ou au moins un permis d’excaver, et jusqu’en 1846 la « fièvre du cuivre » régna avec tous les désordres, tous les troubles qui accompagnent en Amérique l’exploitation de toute mine nouvelle ; puis le calme se fit quand arrivèrent les désenchantemens. L’état de Michigan, se regardant comme propriétaire du sous-sol, avait délivré 1,000 permis, dont 400 environ sur des surfaces qui s’étendaient de 1 à 3 milles carrés. Aujourd’hui il reste de tout cela une centaine de compagnies exploitantes, dont les statuts ont été enregistrés, et dont un tiers à peine font des bénéfices.

Le gouvernement fédéral, auquel incombe le soin de faire commencer les études et les cartes géologiques des états et territoires nouveaux, avait procédé moins vite que les découvreurs improvisés, qui, comme toujours, prirent de très loin les devans. En 1847, il envoyait sur le terrain un de ses géologues, Houghton. C’était un homme au coup d’œil sûr, explorateur infatigable, plein d’avenir ; il se noya malheureusement en pirogue dans une de ses excursions. Sa mort laissa d’unanimes regrets, et l’on donna son nom à la ville et à la montagne principale de la péninsule de Keweenaw. Il avait pu au moins commencer une exploration régulière, et dresser le canevas de la carte géologique de ce district. Houghton fut remplacé en 1848 par le docteur Jackson, le chimiste et géologue bostonien dont nous avons déjà prononcé le nom à propos de la découverte des mines de fer de Marquette. Celui-ci, en 1849, céda la place aux géologues Forster et Whitney. Les rapports de ces divers savans sur la région des mines de fer et de cuivre du