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Lac-Supérieur furent successivement adressés au congrès ; ils sont intéressans à plus d’un titre[1].

Le minerai de cuivre se présente toujours, dans les gisemens de la péninsule de Keweenaw, à l’état de métal natif, c’est-à-dire naturellement pur. On n’y signale aucun alliage, aucun corps étranger combiné, et le cuivre passe par tous les volumes, depuis la forme microscopique que la loupe la plus puissante peut seule révéler jusqu’aux masses les plus énormes. On a rencontré quelques-unes de celles-ci qui pesaient jusqu’à 800,000 kilogrammes, et pouvaient suffire par conséquent au chargement d’un navire de près de 1,000 tonneaux. Ces masses gigantesques sont le plus souvent un embarras pour l’exploitation, d’abord par le vide qu’elles laissent et qu’il faut soigneusement remblayer ; ensuite, comme elles renferment occasionnellement quelques corps étrangers très durs, du quartz par exemple, sur lesquels la scie ne peut mordre, on ne peut les découper, avant de les extraire au jour, qu’avec un ciseau à main. Ce travail, qui consiste à enlever des copeaux dans une direction donnée et par tranches successives pour séparer le métal en blocs qui soient relativement de petit volume, est long, patient, coûteux. Peu d’ouvriers en sont capables, et ceux qui peuvent y réussir se font payer très cher.

Le seul corps qu’on rencontre uni au cuivre est l’argent, non pas à l’état de combinaison chimique, d’alliage, mais simplement juxtaposé, si bien que la ligne de séparation des deux métaux est toujours nettement indiquée, et l’éclat particulier, l’aspect de chacun d’eux toujours parfaitement visible. C’est surtout dans la partie méridionale de la région métallifère, dans le comté d’Ontonagon, que l’argent se montre. Il y’existe même seul. Cependant, dans le comté d’Houghton, aux mines du Portage, nous avons aussi constaté la présence de ce métal mêlé au cuivre, et même dans les mines du nord, jusqu’à l’extrémité de la presqu’île, dans le comté de Keweenaw. La mine de Calumet, située à l’extrémité du chemin de fer qui mène d’Hancock aux mines centrales, est aujourd’hui la plus riche de toutes celles du lac. On calcule qu’en 1874 elle a dû produire 12,000 tonnes de métal valant 30 millions de francs, et distribuer à ses heureux actionnaires un dividende égal à près de la moitié de cette somme. Les mines ont de ces caprices.

Il est naturel de se demander comment s’est formé le dépôt du cuivre dans les gîtes du Lac-Supérieur. Bien que quelques-unes des roches qui accompagnent le métal soient d’origine ignée, c’est-à-dire

  1. Voyez Message from the président, geological report, Washington 1849, et Report on the Geology of the Lake Superior land district, by J. W. Forster and J. D. Whilney, Washington 1850 et 1851.