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médicale dans les quarante-huit départemens où elle fonctionnait alors, paraissent au-dessous de la vérité. MM. Roussel et Morvan croient qu’on ne peut évaluer à moins d’un dixième de la population rurale le nombre des pauvres qui ont besoin d’être assistés. Leurs chiffres sont établis sur la statistique de la médecine gratuite pour le département de la Sarthe, qui donne, pour 463,619 habitans, 37,775 indigens inscrits et 8,854 assistés en 1870, 40,042 indigens et 9,504 assistés en 1871, ce qui fait un peu plus de 4 indigens pour 1 malade. M. de La Valette estimait qu’on devait compter 1 malade pour 3 indigens 1/2 et 3 visites 1/2 ou consultations par malade. Il calculait que chaque malade coûtait 5 francs en moyenne, y compris les médicamens, ce qui produisait une dépense de 1 fr. 40 cent, par tête d’indigent.

Si l’on considère que les sociétés de secours mutuels paient pour leurs malades un taux d’abonnement qui est en général de 2 francs par tête pour les soins médicaux, et de 1 franc pour les médicamens, il est prudent d’évaluer à 2 fr. 50 cent, la moyenne des dépenses pour chaque pauvre. En admettant pour la France, suivant les statistiques les plus accréditées, une population rurale de 25 millions en chiffres ronds, et en prenant le dixième pour avoir le nombre des indigens inscrits, on aboutit à une dépense de 6,250,000 francs pour assurer en France les bienfaits de l’assistance publique dans les campagnes. — Comment cette charge sera-t-elle répartie ? M. de La Valette voulait qu’on mît 6 dixièmes à la charge des communes, 3 dixièmes à celle des départemens, et 1 dixième à la charge de l’état. Cette proportion nous semble trop peser sur les communes et ménager l’état à l’excès. Nous aimerions mieux 2 cinquièmes à la charge des communes, 2 cinquièmes à la charge des départemens et 1 cinquième à la charge de l’état. Les départemens seraient largement mis à contribution, mais, comme ils supportent aujourd’hui tout le fardeau de la médecine gratuite, leur situation ne serait pas empirée, et d’ailleurs ils doivent venir au secours des communes pauvres, comme il est nécessaire que l’état vienne au secours des départemens les plus surchargés.

Dans la pratique, voici comment les choses se passeraient. Une fois les indigens inscrits sur les listes communales, la dépense de l’assistance serait portée au budget à raison de 2 fr. 50 cent, par tête d’indigent. Des abonnemens s’établiraient bientôt sur cette base entre les maires et les médecins. Si la commune ne pouvait couvrir cette dépense avec l’excédant de ses ressources ordinaires, elle devrait s’imposer d’un nombre de centimes additionnels fixé par le législateur, et qui serait par exemple de 2 ou de 3 centimes au