Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 13.djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE MONT ATHOS
UN VOYAGE DANS LE PASSE

Quel esprit amoureux des études historiques n’a passionnément rêvé de revivre une heure dans un des siècles lointains pour en surprendre la physionomie, les mœurs, l’état de pensée ? Voir avec toute la clarté de la vue contemporaine une de ces époques dont le souvenir nous arrive faussé par l’ignorance ou la passion, et que tous les efforts de la critique ne peuvent restituer avec assez d’autorité pour nous convaincre, ce ne serait pas seulement un plaisir délicat ; pour telle période obscure, ce serait la fin des angoisses de la conscience humaine. Ce rêve est moins chimérique qu’il ne semble ; pour le réaliser en partie, il suffit de s’attacher à ce principe tutélaire d’où sortira le redressement de bien des erreurs : pour l’ensemble de la famille humaine, les phases de l’histoire sont non pas successives, mais bien plutôt synchroniques. — En cherchant judicieusement autour de lui, dans ce vaste monde, l’historien peut toujours trouver chez les races attardées les types vivans des sociétés passées, de même que l’astronome, en interrogeant le système céleste, arrivera à reconnaître dans quelques-unes des planètes les types actuels des métamorphoses par lesquelles a passé la nôtre à ses origines. Dans cette voie, le grand initiateur sera toujours l’immobile Orient, la terre féconde en surprises. Le secret de l’histoire ! c’est peut-être celui que garde son sphinx à l’entrée de ses déserts.

Nous lui avons dû la solution de plus d’un problème de ce genre ; nous voulons demander aujourd’hui à l’une de ses plus étonnantes reliques la révélation d’une époque fort peu connue, du moyen âge byzantin. Ce sont les moines du mont Athos qui se chargeront de soulever le voile. Depuis longtemps, notre curiosité était éveillée sur cette république théocratique, épave intacte laissée par les siècles