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supérieurs sont percés de baies étroites et irrégulières ; ils s’élèvent à une grande hauteur dans certains couvens, à Zographo, à Chilandari, à Vatopédi, à Simopétra ; sur leur faîte, un deuxième ordre de constructions commence ; ce sont ces tribunes de bois en saillie qui forment le trait distinctif des maisons turques sous le nom de chacnicims. Elles débordent leur assise de pierre à l’extérieur et à l’intérieur, se penchent sur les poutrelles qui les arc-boutent, courent sur toute la crête du gros œuvre ; des galeries, des balcons, les réunissent, et cette architecture parasite monte, dans les couvens resserrés de la côte occidentale, à une hauteur égale à celle des murs qui la supportent ; généralement peintes en rouge, ces cages de planches couronnent gaîment les faîtages et dérident la mine austère de ces forteresses. Des coupoles, des croix, rompent çà et là la ligne inégale des toits. — Les plus vieilles de ces bâtisses sont du XIIe ou du XIe siècle ; d’autres datent d’hier dans la même enceinte : l’appareil de pierres et de briques usité par les maçons primitifs n’a pas cessé d’être employé. Parfois on trouve encastrées dans le mur quelques-unes de ces briques émaillées d’origine persane, dont l’islamisme a fait un des principaux élémens décoratifs de son architecte. La grâce des dessins, l’éclat des couleurs de ces fragmens empruntés à quelque mosquée ruinée ne le cèdent en rien aux joyaux de ce genre qu’on trouve encore à Constantinople, à Brousse et à Jérusalem.

Dans la cour, généralement assez vaste, laissée libre entre les bâtimens, l’église conventuelle forme le noyau de cette agglomération. Elle est petite, basse et ramassée sous ses coupoles de briques. Rien ne ressemble moins à nos majestueuses cathédrales, avec leurs nefs profondes réunissant tout le peuple, leurs piliers élancés, leurs clochers ambitieux, leurs flèches aiguës : tout ce sursum corda de pierre symbolise une autre pensée religieuse, mélancolique, fuyant la terre, interrogeant le ciel ; dans l’aiguille du maçon rhénan qui monte, perce la nue et cherche, il y a une angoisse : la réforme en descendra quelque jour. L’architecte grec ignore cette angoisse ; il est plus tranquille, plus sûr d’un Dieu qu’il a rêvé moins grand ; sans l’aller solliciter si haut, il l’attend sur la terre riante, se contentant d’élargir un peu pour le Pantocrator la basilique où ont vécu contens les césars immortels, le iéron où ses pères adoraient Zeus. Le grand souci du maçon oriental est de cloisonner méthodiquement son vaisseau pour ne permettre l’entrée des derniers sanctuaires qu’à une initiation progressive.

La plus ancienne de ces églises est sans contredit la métropole de Karyès, dédiée à la Vierge patronne de l’Athos ; on peut la faire remonter sans crainte aux origines de la communauté, au XIe ou au