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remplacé par le snow-plough ou charrue à neige. C’est, comme le nom l’indique, une sorte de charrue à soc d’acier, qui, poussée par la locomotive, ouvre devant elle la voie, embarrassée par les neiges et les avalanches. Cet engin d’un nouveau genre a rendu de bien grands services dans la traversée de la Sierra-Nevada et des Montagnes-Rocheuses, et a souvent empêché les trains de rester prisonniers au milieu d’une tempête de neige.

Plus encore que la locomotive, les wagons à voyageurs ou à marchandises, sur les chemins de fer des États-Unis, se distinguent des mêmes véhicules européens. Dans ce pays d’une étendue si considérable, qui couvre un espace aussi grand que toute l’Europe centrale et où l’on se déplace aussi facilement sous le plus futile prétexte, où tant de gens entreprennent plusieurs fois par an le voyage en chemin de fer de New-York à San-Francisco, qui dure sept jours, et celui de la Nouvelle-Orléans, qui en dure quatre ou cinq, on a de bonne heure pensé à donner aux voyageurs tout le confort désirable. Alors qu’en France on a conservé pour les voitures à voyageurs de première et de deuxième classe le type des anciennes diligences, et imaginé pour les troisièmes une forme de caisse assez incommode, on a renoncé tout de suite aux États-Unis au type des anciens coches. Il n’y a du reste qu’une seule classe de voitures, l’égalité démocratique le veut ainsi, mais on peut pour son argent se procurer certain bien-être dont il sera parlé plus tard.

Le passenger-car ou voiture à voyageurs a la forme d’une caisse allongée d’une longueur totale de 15 mètres, y compris deux paliers extérieurs, qui ont chacun 75 centimètres. La hauteur intérieure maximum de la caisse est de 3 mètres entre le plancher et le plafond, qui est légèrement cintré ; la largeur est aussi d’environ 3 mètres. Une voiture de ce genre contient 56 places, dont la moitié sont généralement vides. Elle est portée sur quatre paires de roues, deux à l’avant, deux à l’arrière, et les deux châssis, comme pour la locomotive, sont distincts. Les sièges sont disposés par paires de chaque côté du car ; un couloir est ménagé au milieu. Aux extrémités est un cabinet retiré dont l’emploi se devine, et dont l’absence est un inconvénient grave sur nos chemins de fer ; on y trouve encore une fontaine toujours remplie d’eau glacée, avec un verre pour boire, enfin un poêle chauffé par du charbon de terre, qu’on allume par les temps froids. Ce mode élémentaire de chauffage occasionne quelquefois de terribles incendies, et a fait songer à d’autres systèmes moins dangereux, par exemple au chauffage à l’air chaud ou à circulation d’eau chaude ; on a aussi imaginé de mettre le foyer du poêle au-dessous du plancher de la voiture.

La plate-forme extérieure qui règne à l’avant et à l’arrière est protégée par une balustrade et un auvent. Là se tient le fumeur et