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des avantages qui découlent d’une admirable position géographique. De nombreuses voies de communication ont été ouvertes, et chaque jour on en établit de nouvelles. Sous ce rapport, le département de la Savoie est mieux partagé que celui de la Haute-Savoie ; ce dernier n’a possédé jusqu’en ces temps que le tronçon d’Aix à Annecy, et réclame le prompt achèvement de la ligne d’Annecy à Annemasse et Thonon avec un prolongement jusqu’à la ligne de Lyon. Un chemin de fer doit aussi relier cette dernière ville à Chambéry par la montagne de l’Épine, en ouvrant un débouché plus facile aux produits de la Tarentaise. C’est là une perspective des plus rassurantes pour l’avenir de ces deux départemens, puisque l’achèvement de ces lignes ne peut manquer de donner une nouvelle impulsion à l’activité industrielle du pays. Cependant pour que ces heureuses transformations donnent tout l’effet qu’en attend le commerce, il faudrait que les tarifs des chemins de fer fussent réduits pour le transport des denrées de première nécessité, afin qu’il soit désormais possible au cultivateur comme au fabricant d’exporter à bon marché les produits indigènes. Ouverte alors de tous les côtés par des routes qui lui amèneraient les marchandises du dehors et lui permettraient d’exporter les siennes à bas prix, la Savoie verrait s’établir de nombreuses fabriques et usines à proximité des voies ferrées ; toute cette population laborieuse qui s’expatrie si facilement resterait dans ses foyers quand elle y trouverait un travail plus rémunérateur, plus certain que celui qu’elle va chercher à l’étranger, et le pays entrerait dans une ère de prospérité nouvelle. C’est là l’heureux avenir que lui promet M. Barbier, qui a certainement rendu un service signalé à la Savoie en lui révélant les richesses réunies sur son sol ; qu’elle sache donc, d’accord avec le gouvernement, profiter des excellens conseils contenus dans ce livre, qui s’adresse à tous les patriotes éclairés.


J. BERTRAND.



La Chance ou la Destinée, par le Dr Foissac, Paris 1876 ; J.-B. Baillière.


Il est un mot qui ne se prononce jamais sans respect ; il s’impose à l’intelligence et à la conscience des peuples et des individus, et tous reconnaissent qu’il faut courber la tête et s’anéantir devant lui. Les Latins disaient fatum, nous disons destin ou fatalité. Bien hardis ceux qui osent envisager face à face la redoutable divinité, — bien téméraires peut-être, car ils ne doivent pas se dissimuler que la solution complète du problème ne pourra leur appartenir.

Pour ce problème de la destinée humaine, deux solutions contraires se partagent le monde. Les uns soutiennent la liberté de l’homme, les autres admettent son asservissement à des lois inexorables ou