Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 13.djvu/920

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses rivières qui étincelaient au grand soleil. Il ne restait du météore qu’une plaine de neige qui blanchissait le sommet du puy, et plus bas les hautes herbes mouillées par la pluie. C’est là un exemple entre mille des facilités qu’offre une pareille station pour étudier ce qui se prépare dans le ciel.

Pourtant le projet sérieux de la fondation d’un observatoire au sommet du Puy-de-Dôme ne date que de sept ou huit ans, et il est du à l’initiative de M. Alluard, professeur de physique à la faculté des sciences de Clermont-Ferrand, dont la persévérance a fini par vaincre tous les obstacles. C’est au commencement de l’année 1869 que M. Alluard fit ses premières démarches auprès du ministre de l’instruction publique à l’effet d’obtenir les fonds nécessaires à la création d’un observatoire météorologique au sommet du puy avec une station correspondante à Clermont, et qui formerait en quelque sorte une annexe de la faculté des sciences, dont il utiliserait les ressources. Ce projet fut bien accueilli par M. Duruy ; mais, pendant qu’il réussissait à Paris, à Clermont il rencontrait une résistance sourde ; on le traitait de chimère, et les objections se multipliaient.

Quand on parlait de la difficulté d’arriver au sommet du puy, on oubliait que les paysans y avaient porté bien souvent d’énormes fagots de bois pour y allumer des feux de joie, et que, le jour où l’évêque de Clermont était venu prendre possession de son siège épiscopal, ces paysans lui avaient fait à la hâte un chemin très confortable pour le mener à cheval jusqu’au sommet du puy et lui faire contempler de là son magnifique diocèse. On disait encore que les neiges supprimeraient les communications avec la ville pendant l’hiver. À ces craintes, il était facile de répondre que ceux qui traceraient la route sauraient éviter les endroits où les neiges s’accumulent habituellement. — Mais pendant l’été, reprenaient les pessimistes, vous risquerez d’être foudroyés par toutes les nuées orageuses qui passent au Puy-de-Dôme, — et ils montraient des éboulemens qu’ils attribuaient à des coups de foudre. Or il ne paraît pas que les bergers et les moutons qui fréquentent journellement la montagne pendant la belle saison aient jamais été frappés, et les éboulemens sont visiblement dus à l’action des eaux et de la pesanteur.

La disposition des esprits changea un peu après la visite d’un savant astronome que le ministre avait chargé d’étudier sur les lieux le projet de M. Alluard. Au mois de mai 1869, M. Faye, ayant fait l’ascension du Puy-de-Dôme, put se rendre compte de toutes les facilités d’exécution qu’on y rencontrait, et son rapport, de tous points favorable, contribua beaucoup à lever les dernières