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Plantade et le Saint-Bernard est de 3°,6, et se réduit à 3°,0 lorsqu’on tient compte de la différence de niveau des deux stations, qui est d’une centaine de mètres. On en a conclu qu’au sommet du Pic-du-Midi la température moyenne ne doit pas descendre sensiblement au-dessous de celle de l’hospice du Saint-Bernard, bien que l’altitude du pic soit supérieure de 400 mètres à celle de l’hospice.

Voilà où en est l’observation du Pic-du-Midi de Bigorre. Une œuvre si bien commencée sera vite achevée, surtout si elle peut compter sur l’appui de l’état. Nul doute que la Société Ramond n’obtienne bientôt la déclaration d’utilité publique dont elle a besoin pour devenir légalement propriétaire des terrains que lui concèdent les communes de Bagnères et de Barèges, et des constructions qu’elle y élève.

Les services que les observatoires de montagne sont appelés à rendre sont très variés., La météorologie et la physique du globe ont singulièrement élargi leur cadre depuis vingt ans. Si les variations du baromètre sont encore jusqu’à nouvel ordre les symptômes les plus importans à consulter pour la prévision du temps, si la température est toujours l’élément qui intéresse le plus directement la vie organique, bien d’autres phénomènes cependant nous permettent, pour ainsi dire, de tâter le pouls de la nature, On mesure maintenant la quantité d’ozone contenue dans l’air, afin d’en apprécier la salubrité ; on en détermine la transparence optique et la transparence chimique, en d’autres termes la proportion des radiations chimiques du soleil qu’il laisse arriver jusqu’à nous. M. Tyndall vient de démontrer que l’air dans lequel un rayon de soleil ne trace pas de sillon lumineux, qui par conséquent ne renferme pas de poussières capables de diffuser la lumière, a aussi perdu le pouvoir d’engendrer la vie, c’est-à-dire de semer les germes d’où naissent les fermentations et les maladies infectieuses. C’est une nouvelle défaite des partisans de la génération spontanée, et un beau sujet d’expériences pour les observateurs placés au-dessus des nuages.

Que d’autres phénomènes pourraient être en quelque sorte surpris dans leur devenir en ces hautes régions ! La grêle, ce météore si redoutable et encore si mal connu, que nous ne voyons d’ordinaire que lorsqu’elle tombe sur nos récoltes, — les tourbillons qui naissent du contact des cirrhus glacés et des tièdes courans d’air qui montent de la terre, — les effluves électriques qui alimentent la foudre, mais dont on peut à chaque instant reconnaître la sourde présence en dressant un mât armé de pointes, — tout cela rentre dans le cadre d’études des nouveaux observatoires. On y songe encore à surveiller les oscillations du sol. Des séismographes