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LES
MAITRES D'AUTREFOIS

V.[1]
L’ÉCOLE HOLLANDAISE. — FRANS HALS. — LA RONDE DE NUIT.


Harlem.


I.

C’est à Harlem, comme je vous l’ai dit, qu’un peintre en quête de belles et fortes leçons doit se donner le plaisir de voir Frans Hals. Partout ailleurs, dans nos musées ou cabinets français, dans les galeries ou collections hollandaises, l’idée qu’on se fait de ce maître brillant et très inégal en sa tenue est séduisante, aimable, spirituelle, assez futile, et n’est ni vraie ni équitable. L’homme y perd autant que l’artiste est amoindri. Il étonne, il amuse. Avec sa célérité sans exemple, la prodigieuse bonne humeur et les excentricités de sa pratique, il se détache par des goguenardises d’esprit et de main sur le fond sévère des peintures de son temps. Quelquefois il frappe; il donne à penser qu’il est aussi savant que bien doué, et que sa verve irrésistible n’est que la grâce heureuse d’un talent profond; presque aussitôt il se compromet, se discrédite et vous décourage. Son portrait qui figure au musée d’Amsterdam et dans lequel il s’est reproduit de grandeur naturelle, en pied, posant sur un talus champêtre, à côté de sa femme, nous le représente assez bien comme on l’imaginerait dans ses momens

  1. Voyez la Revue des 1er, 15 janvier, 1er et 15 février.