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et qui est fort restreint, l’autre au contraire qui fait les frais d’exportations considérables ; ce sont les produits agricoles. Le premier a son importance, c’est lui qui constitue surtout la maigre richesse de l’état. Les Grecs paient peu d’impôts, la douane est le plus sûr moyen de perception qu’on ait adopté jusqu’à ce jour, et tous les produits importés sont frappés de droits d’entrée. L’impôt foncier existe bien en Grèce, mais l’assiette en est très difficile à fixer, et si loin d’être déterminée qu’il ne rend qu’une faible partie de ce qu’on pourrait en attendre. Pourtant, quinze siècles au moins avant le nôtre, des arpenteurs publics, relevant pas à pas le plan des immenses provinces romaines, rapportaient à Constantinople des cartes cadastrales où l’empire tout entier était divisé en des milliers de fractions qui formaient des catégories distinctes de terrains, d’après lesquelles on pouvait établir sur une base équitable la lourde répartition de l’impôt foncier. M. G. Perrot raconte qu’il a trouvé dans un village de l'Attique le souvenir très précis de l’ancien cadastre romain. Des paysans avaient entendu vanter de père en fils les merveilles de cette administration qui étonna tant la Grèce conquise, et croyaient encore fermement que les tables de marbre ou de bronze sur lesquelles avaient été dressés les plans parcellaires étaient soigneusement conservées à Constantinople. Ces tables n’ont jamais été retrouvées ; si on venait à les découvrir, la Grèce se verrait tout d’un coup dotée, sans l’avoir beaucoup désiré, d’un cadastre un peu vieilli sans doute depuis quinze cents ans, mais encore exact en somme, car au milieu de toutes les décrépitudes humaines, la terre seule ne change pas.

Toute la côte septentrionale du Péloponèse est aujourd’hui relativement riche ; aux environs d’Aigion, de Corinthe à Patras et à Gastouni, pas un coin de terre n’est perdu jusqu’aux montagnes, et tout ce qu’il a été possible de défricher, on en a tiré parti. Le sol est bon, et le climat presque toujours favorable seconde les efforts des agriculteurs. Au reste, on ne rencontre dans la campagne d’Aigion, comme sur tout le littoral du golfe, que trois cultures : celle des raisins staphidès qu’on nomme en France raisins de Corinthe, celle des vignes et des oliviers. On trouve en outre çà et là quelques champs de coton, d’avoine ou de froment, mais dans une proportion si minime que la production en passe inaperçue.

Les raisins de Corinthe forment la branche principale du commerce d’exportation. Un grand nombre d’habitans sont propriétaires de terrains bien cultivés, souvent très étendus, et c’est leur unique occupation que d’en faire valoir la récolte. Les plus riches ont au bord de la mer un magasin où ils font porter au mois de juillet d’énormes quantités de raisins qu’ils ont préalablement lais-