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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


14 mars 1876.

L’autre jour, — c’était le 8 de ce mois, — entre deux et trois heures: de relevée, a expiré définitivement, officiellement, dans le salon d’Hercule au palais de Versailles, une assemblée souveraine qui pendant cinq ans a disposé des destinées de la France. Elle est morte sans bruit, avec une gravité simple, léguant à ses successeurs « les pouvoirs que la nation lui avait donnés. »

Tout s’est passé entre M. le duc d’Audiffret-Pasquier, dernier président de l’assemblée expirante, M. le garde des sceaux représentant le gouvernement et les doyens d’âge des deux chambres nouvelles, réunis pour la circonstance, pour la « cérémonie, » puisqu’on s’est servi de cette expression. Tout a fini par quelques paroles sobres échangées entre les personnages officiels au milieu d’une assistance silencieuse et par un procès-verbal. « M. le président déclare que, les bureaux provisoires du sénat et de la chambre des députés étant constitués, les pouvoirs de l’assemblée nationale sont épuisés. » À ces mots, une ombre indistincte et assez mélancolique s’est envolée à travers les fenêtres du palais, allant se réfugier dans l’histoire, dans la région des choses évanouies. C’était la fin de l’assemblée élue le 8 février 1871 entre les anxiétés de l’invasion étrangère et les menaces de la guerre civile. Dès ce moment, à la place d’une omnipotence parlementaire exceptionnelle, il n’est plus resté qu’une organisation régulière et définie; le sénat et la chambre des députés ont été les vrais pouvoirs de la France. M. le président de la république lui-même est entré dans le plein exercice de ces « prérogatives » et de ces « devoirs » dont a parlé M. Dufaure en recevant au nom de M. le maréchal de Mac-Mahon l’autorité exécutive, dont il ne doit se servir, « avec l’aide de Dieu et le concours des deux chambres, que conformément aux lois, pour l’honneur et l’intérêt de notre grand et bien-aimé pays. » En un mot, la constitution du 25 février 1875 a été