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des mouvemens que le maréchal Soult exécutait dans le sud pour le couper de sa base d’opérations. La défense fit grand honneur au général Dubreton, gouverneur du château. Au contraire, on a souvent reproché au général Burgoyne l’échec qu’il éprouva dans cette circonstance. Au printemps de 1855 notamment, au moment critique du siège de Sébastopol, les journaux de Londres rappelaient avec amertume cet insuccès de ses jeunes années. Est-ce à lui qu’en doit revenir le reproche ou à Wellington? Les circonstances ont-elles exercé une influence majeure que le talent des assiégeans ne pouvait dominer? Il y a du vrai sans doute dans toutes ces suppositions. Wellington ne savait pas se résoudre à donner l’assaut avec des troupes assez nombreuses. Burgoyne avait attaqué, dit-on, du côté le plus avantageux pour la défense. L’armée anglaise était si pauvre en ingénieurs militaires que le commandant du génie n’avait pour auxiliaires que des officiers empruntés aux autres armes. L’artillerie était insuffisante et mal servie, les outils manquaient; les soldats d’infanterie, improvisés sapeurs ou mineurs, n’allaient pas de bon cœur à cette besogne périlleuse. Qu’est-ce à dire? devons-nous croire que, trois ans après sa descente en Portugal, l’armée anglaise manquait encore des accessoires les plus indispensables? Peut-être cette dernière hypothèse est-elle la moins contestable. On verra plus loin d’autres faits qui démontrent à quel point les services essentiels de l’armée anglaise ont toujours été mal organisés.

En 1813, les événemens se précipitèrent, le maréchal Soult ramenait toutes ses troupes vers les Pyrénées, Burgos était évacué; il n’y eut d’autre siège que celui de Saint-Sébastien, dont Burgoyne dirigea les travaux, le lieutenant-colonel Fletcher, son supérieur en grade, ayant été tué dès le début. Cependant Wellington ne l’aimait toujours guère. Aussi, après cette affaire qu’il conduisit à bien, avec d’autant plus de mérite que la résistance fut héroïque, se retrouva-t-il au second rang. On le laissa devant Bayonne qui ne fut que bloqué et non assiégé, tandis que le gros de l’armée se dirigeait vers Toulouse à la poursuite du maréchal Soult; puis la paix fut signée en Europe, elle ne l’était pas encore en Amérique. A peine Burgoyne avait-il eu le temps de revenir en Angleterre, d’y revoir sa famille et ses amis, qu’il recevait l’ordre de s’embarquer encore une fois. Il était l’ingénieur le plus élevé en grade dans une nouvelle expédition dirigée contre les États-Unis. Échec ou succès, le résultat devait rejaillir sur lui, bien qu’il n’eût pas été consulté sur les moyens et le but de cette entreprise.

Il s’agissait cette fois de conquérir la Nouvelle-Orléans. L’amiral Cochrane, qui croisait dans le golfe du Mexique, s’était mis en tête, on ne sait d’après quels renseignemens trop superficiels, que cette