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est attaché au tendon d’un muscle de grenouille. Quant à la grenouille, elle est fixée sur un petit chariot qui se meut régulièrement le long du cylindre. Par suite de dispositions trop compliquées pour être décrites ici, on peut faire en sorte que la contraction du muscle arrive toujours à une même phase de la rotation du cylindre, et comme le chariot est animé d’un mouvement uniforme, toutes les secousses sont les unes au-dessus des autres, et on peut juger des modifications graduelles qu’elles éprouvent. Nous n’insisterons pas sur la technique de ces différens appareils, il vaut mieux dire à quels résultats M. Marey est arrivé, et avec lui les principaux physiologistes contemporains.

Lorsqu’un muscle se contracte, il se raccourcit, et, comme il est attaché à ses deux extrémités, que de plus une de ces extrémités est mobile, c’est l’extrémité mobile qui se déplace. Certes, envisagé dans sa nature intime, ce raccourcissement du muscle est un phénomène inexplicable ; mais, si nous ne pouvons comprendre pourquoi, il est permis de rechercher comment il s’opère. Sur un animal supérieur, tel que le lapin ou le chien, le phénomène est beaucoup trop rapide pour être facilement analysé, mais sur une tortue on voit très bien qu’il y a une onde musculaire, c’est-à-dire une sorte de renflement qui apparaît en un point du muscle, progresse rapidement, et s’étend jusqu’au point opposé. Si l’on observe au microscope les muscles de la patte d’un insecte, la fibre musculaire, en se contractant, offre aux yeux de l’observateur des nodosités qui cheminent dans le même sens et disparaissent rapidement. On peut écrire Le phénomène sur le cylindre enregistreur, en plaçant sur le muscle des leviers-aiguilles de place en place ; ces leviers ne se déplacent pas au même moment, et la distance qui, sur le papier enfumé, sépare le début du déplacement de chacun d’eux, peut être évaluée facilement. La vitesse de l’onde musculaire mesurée ainsi semble être d’un mètre par seconde ; vitesse très grande pour la faible dimension des muscles.

Un fait que l’on peut aussi étudier à l’aide de ces appareils, c’est la vitesse de l’agent nerveux. La nature intime de cette force impondérable nous est tout aussi peu connue que celle des autres forces telles que l’électricité, la chaleur et la lumière. Il faut nous contenter d’en étudier les effets, qui rentrent dans le domaine de ce qui est accessible à notre intelligence. Pour mesurer la vitesse de l’agent nerveux, Helmholtz fait l’expérience suivante. Sur le même animal, il met à nu une longueur très grande de nerf, et il excite le nerf tout près de l’endroit où il entre dans le muscle ; il obtient une contraction presqu’au même instant. On peut, comme le fait M. Marey, avoir on signal électrique qui avertit du moment précis où se fait l’excitation : dans ce cas, il y a un retard qui se traduit sur le cylindre. Ce retard est du non pas au nerf, mais au muscle, qui ne réagit pas immédiatement après que le nerf a été excité. Supposons que ce retard soit d’un centième de seconde, quand le nerf est