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excité tout près du muscle. Si l’on excite le nerf très loin du muscle, on aura un retard plus grand, de deux centièmes de seconde par exemple : alors on pourra en conclure que l’influx nerveux a mis un centième de seconde à aller d’une extrémité du nerf à l’autre, et ainsi, en mesurant exactement la longueur du segment nerveux ainsi excité, on pourra calculer la vitesse de l’influx nerveux dans le nerf. Cette vitesse est de 25 à 30 mètres par seconde.

Il était indispensable de rechercher l’influence des centres nerveux sur ce retard musculaire. En effet, lorsque par l’électricité, par un agent mécanique ou chimique, on excite un nerf qui se rend à un muscle, ce nerf est inactif : il ne fait que transmettre l’excitation qui lui a été communiquée, tout comme le fil du télégraphe électrique. En somme, le nerf, livré à lui-même, ne peut avoir aucune action sur le muscle. Il est toujours passif ; c’est un cordon qui transmet l’action nerveuse. L’excitant qui le fait entrer en action peut être soit un excitant extérieur, tel que l’étincelle électrique, soit un excitant intérieur tel que le centre encéphalo-médullaire. Mais, quand l’excitation vient des centres, deux cas peuvent se présenter. Dans le premier cas, la moelle est seule excitatrice ; dans l’autre cas, le cerveau et la moelle réunissent leur action pour exciter le nerf.

Voyons d’abord ce qui se passe dans le premier cas, la moelle étant séparée du cerveau. Si l’on excite un point quelconque de la peau, le nerf sensitif transmettra la sensation à la moelle épinière, qui, pour produire un mouvement, ira exciter le nerf moteur. Le nerf moteur transmettra l’excitation au muscle, et le moment précis de l’excitation de la peau et du début de la contraction musculaire pourront être enregistrés sur le cylindre. C’est ainsi qu’on calcule le temps qu’il a fallu à la moelle épinière pour changer une impression sensitive en une excitation motrice. Ce passage et cette transformation de l’irritation nerveuse dans le centre médullaire s’appelle une action réflexe.

On a essayé aussi de calculer le temps d’une perception. Depuis longtemps les astronomes avaient constaté un désaccord entre leurs observations, quand il s’agissait d’estimer le passage d’une étoile devant le fil de la lunette méridienne. Cette différence, qui est quelquefois de plus d’une seconde, est appelée erreur ou équation personnelle. Il semble en effet qu’elle varie selon les individus. Wolff a imaginé un moyen pour la calculer. Il fait passer devant le fil de la lunette un astre artificiel, qui, au moment du passage, fait vibrer un signal électrique qui s’inscrit sur un cylindre. L’observateur indique sur le même cylindre le moment où il voit l’astre, et l’on peut ainsi évaluer exactement la distance qui sépare les deux signaux écrits sur le papier. Comme le cylindre tourne avec une vitesse constante, cette distance peut être mesurée en fractions de seconde. On a ainsi la mesure exacte de l’équation personnelle. Un fait important noté par Wolff, c’est qu’on peut, avec de l’attention,