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volontaires, il a institué un corps de cadets de marine ; soins à peu près perdus ! M. de Bismarck, dans son mémoire, évaluait à 2,600 hommes le nombre des sous-officiers marins dont il faudrait devoir disposer pour armer la flotte en cas de guerre, savoir : 1,800 hommes en service actif, le reste dans la réserve ; l’émigration laisse à douter qu’on obtienne cet effectif.

Quant aux officiers, M. de Bismarck, prévoyant le cas de guerre, a fixé leur nombre à 732, plus une réserve de 311 personnes. C’est un effectif de 1,000 officiers. Comment sera-t-il formé ? Lorsque le prince Adalbert, amiral de la flotte et qui la commande en chef, a présidé à la création de la marine militaire, il a recruté le corps des officiers partie à l’étranger, partie dans la marine marchande. En même temps, l’école navale a été fondée. Aujourd’hui nul n’est admis dans le cadre des officiers de vaisseau, s’il ne sort de cette école. La capacité des candidats est éprouvée par les plus sérieux examens. Pour être admis, il faut présenter d’abord un certificat d’études correspondant à notre baccalauréat ; il faut ensuite répondre à toutes les questions sur l’arithmétique, géométrie, trigonométrie, stéréométrie, physique, géographie, le français, l’anglais et le dessin. Après avoir franchi ce premier pas, le jeune élève passe un an sur le vaisseau-école, où il se prépare à l’examen d’aspirant. Cet examen très sévère a pour objet la navigation, la géographie astronomique, l’estime du point, la construction et l’usage des cartes, la connaissance approfondie des instrumens de navigation, la manœuvre dans tous ses détails. En fait d’artillerie, l’étude des poudres : composition, force explosive, rapidité de combustion, force de projection, emmagasinage à bord et transport des matières explosives, classification et nomenclature des projectiles, canons et affûts, cuirasses et pratique des exercices. À la sortie du vaisseau-école, l’élève, devenu aspirant, prend la mer et sert activement pendant deux ou trois ans. Ce temps expiré, il entre à l’école de Kiel, où il se met en mesure de subir un nouvel examen qui lui assurera la possibilité de passer lieutenant. À partir de ce moment, chaque pas qu’il fera vers un grade supérieur sera marqué par une nouvelle épreuve du même genre, graduée selon la fonction à laquelle il aspire.

Tant d’études sérieuses assurent à la marine impériale un corps d’officiers réellement distingués ; mais que d’années à passer pour arriver à cette époque désirée ! Entré au vaisseau-école à dix-sept ans, l’élève y passe une année, trois ans en mer comme aspirant, dix-huit mois à l’école de Kiel, d’où il sort sous-lieutenant. Cinq ans après, il peut être nommé lieutenant, s’il y a des vacances, lieutenant-commandant à l’expiration de six années passées dans le grade inférieur. Un service de six années dans la situation de