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LA
BOSNIE ET L’HERZÉGOVINE
PENDANT L’INSURRECTION
SOUVENIRS DE VOYAGE.[1]


Sviniar, septembre 1875.


IV

Les nouvelles qu’on recevait à Bajnaluka depuis quelques jours étaient inquiétantes : un parti d’insurgés embusqués de l’autre côté de la Verbaz, sur les collines qui s’élèvent entre l’Ukrina et le cours de la rivière, avait eu pendant deux journées l’avantage sur les troupes turques. L’officier supérieur qui commande à Gradisca dut demander des renforts et du canon au camp de Bajnaluka ; quelques heures après, une colonne composée d’un millier d’hommes, réguliers et auxiliaires, se dirigeait vers le lieu du combat. Quoiqu’on ignore toutes les décisions prises au konah, et que le secret des moindres opérations soit bien gardé, deux circonstances ont dénoncé la gravité de la situation : les bachi-bozouks, appelés en hâte, se sont mis en marche vers les plaines qui bordent la Save, et la singulière musique dont ils sont précédés les dénonce à toutes les contrées qu’ils traversent. De plus, dans les villages catholiques, on a procédé à la distribution des armes et des munitions aux raïas restés fidèles à l’autorité musulmane. Cette particularité m’a vivement frappé, et je me suis réservé de demander aux pères franciscains ou aux trappistes qui ont un établissement aux portes de la

  1. Voyez la Revue du 1er mars.