Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 15.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

forme arrondie et lisse, s’adaptant exactement sur la chaudière, on transforme celle-ci en un appareil distillatoire. Le chapiteau est mis pour cela en communication, au moyen d’un tuyau horizontal, avec un serpentin, celui-ci descendant en hélice et plongeant dans un courant continu d’eau froide, tandis que le vase métallique, contenant deux litres de vin, est placé dans le bocal au foyer du réflecteur. On recueille ainsi l’alcool au bout de quarante minutes d’insolation. Comme l’appareil s’échauffe lentement et d’une manière continuelle, l’alcool est très concentré et possède un arôme des plus agréables.

Pour toutes les expériences qui précèdent, on s’est d’abord servi de miroirs concaves à plaque d’argent, de forme cylindro-parabolique, c’est-à-dire de miroirs cylindriques dont la ligne de base est cette courbe ouverte qui ressemble à une demi-ellipse très allongée et qui s’appelle une parabole. Le pouvoir réflecteur des miroirs cylindriques croît proportionnellement à leur ouverture, et par suite le temps que met par exemple un litre d’eau pour arriver au point d’ébullition est en raison inverse de l’ouverture des miroirs, c’est-à-dire d’autant plus petit que cette ouverture est plus grande. À la fin, l’inventeur n’a plus fait usage que de miroirs, coniques, et avec ceux-ci la surface d’insolation est quadruple quand le diamètre du miroir double.

M. Mouchot ne devait pas borner là ses recherches ; il songeait à obtenir aussi des effets mécaniques avec la chaleur solaire, et c’est à Paris, dans les premiers jours d’août 1866, qu’il fit fonctionner la première machine de ce genre dans l’atelier d’études de Meudon, qu’entretenait la cassette privée de l’empereur Napoléon III, et que dirigeait le commandant d’artillerie de Reffye. On faisait là principalement des expériences de balistique. L’empereur, qui avait toujours apporté dans les études mécaniques cette sorte de mysticisme, d’amour du merveilleux, qui faisait le fonds de son caractère, ne vit pas sans un étonnement mêlé de plaisir les expériences du savant français, qu’il avait d’ailleurs admis à opérer à Meudon dès l’année 1862.

Pendant que ces divers essais avaient lieu, un homme dont le génie mécanique est célèbre dans les deux mondes, mais surtout en Amérique, sa seconde patrie, le Suédois Ericson, l’inventeur de la machine à air chaud, des monitors à tourelles, s’appliquait aussi, et sans rien savoir certainement des expériences que nous venons de faire connaître, lesquelles n’avaient eu aucune publicité, à l’étude des machines solaires. Partant des faits recueillis par Herschel et Pouillet, Ericson calcule d’abord que l’action du soleil sur une surface de 9 mètres carrés est capable de vaporiser huit litres