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Maurice, pour activer l’évaporation des eaux, on a couvert les marais salans de cloisons vitrées. Les fameuses nitrières d’Iquique, sur la côte du Pérou, pourraient aussi faire cristalliser leur sel uniquement par la chaleur du soleil. Et ceci ne concerne que les applications calorifiques, mais il y a aussi pour tous les pays chauds les applications mécaniques, dont la liste est pour ainsi dire illimitée. Quelle notable économie sera ainsi réalisée par l’emploi de cette force gratuite, mise pour nous comme en réserve par la maternelle et généreuse nature !

Le coût d’un appareil solaire pouvant donner, comme celui de Tours, la force d’un demi-cheval ne dépasse pas 1,500 francs, et descendra bien au-dessous quand la fabrication sera devenue courante et que l’inventeur aura apporté à son appareil toutes les modifications que déjà il entrevoit. Si l’on remplace le plaqué d’argent, principale dépense du réflecteur, par du laiton légèrement argenté, fonctionnant presque aussi bien que le plaqué, il y aura de ce côté seulement une très grande réduction de prix. Au reste, la surface d’insolation et par suite la force de l’appareil quadruplant quand le diamètre du miroir est double, il sera facile de construire de grands générateurs sans trop compliquer et renchérir le mécanisme. L’écueil à éviter sera précisément en ce cas la trop grande intensité de la chaleur recueillie. On ne saurait objecter an réflecteur conique la place qu’il occupe, car une machine à vapeur ordinaire en exige une bien autrement considérable avec les longues chaudières et la haute cheminée ; quant au moteur proprement dit et aux moyens de transmission du mouvement, ils seront les mêmes dans les deux cas.

Les plus forts coups de vent, au moins sous nos climats, sont sans action sur les effets de la chaleur réfléchie et sur le miroir lui-même, qu’ils ne parviennent pas à ébranler. Ceci est capital, car nous avons affaire à un appareil qui doit toujours marcher à découvert, à l’air libre. Dans les pays où les ouragans sont plus forts que dans le nôtre, on pourra du reste étayer le réflecteur par une membrure de fer, de manière qu’il résiste aux plus violens cyclones. Aucun embarras de ce côté non plus que de tout autre, car il a été constaté que la cloche de verre, bien qu’échauffée par le rayonnement direct de la chaudière, ne courait aucun risque d’être brisée par une averse glacée, et qu’elle était même à l’épreuve de la grêle. Aujourd’hui d’ailleurs que l’on semble être parvenu à tremper le verre et à le rendre presque incassable, il sera toujours facile d’avoir une cloche assez résistante.

L’expérience indiquera par la suite, comme cela a eu lieu pour la machine à vapeur, bien des perfectionnemens qu’on ne soupçonne