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LA
QUESTION RELIGIEUSE
EN FRANCE ET EN PRUSSE

Il s’est tenu dernièrement dans une sorte de parlement extra-parlementaire des discours fort étranges. Des orateurs dont la parole a du poids se sont chargés d’apprendre à l’Europe étonnée que l’église souffre aujourd’hui en France de cruelles persécutions, que nous sommes revenus au temps de Galerius et de Dioclétien, qu’une nouvelle ère des martyrs s’est ouverte. « Nous sommes en présence d’une situation, nous a-t-on dit, qui attriste tous les cœurs chrétiens ; elle dure depuis longtemps, mais, dans ces derniers jours, elle est devenue plus aiguë. Une audacieuse conjuration s’organise contre la religion catholique. On s’efforce de lui enlever le peu de liberté dont elle jouit dans l’instruction et dans les œuvres de charité. Nous portons un habit religieux, cela suffit pour nous refuser tout droit. Pas de colère ni d’injures, il faut laisser nos adversaires se déshonorer en nous déniant la justice, en nous mettant hors le droit commun. »

Où se sont fait entendre ces amères doléances et ces véhémentes protestations ? Dans une assemblée générale des comités catholiques. Beaucoup de gens ignoraient qu’il y a en province des comités catholiques permanens, et que, lorsqu’il leur plaît, ils envoient à Paris des délégués qui s’organisent en congrès et en commissions spéciales, « correspondant aux neuf chœurs de la milice céleste. » De quoi s’occupent ces commissions ? Non-seulement des œuvres du très saint sacrement, de l’adoration nocturne et du vœu national, mais de beaucoup d’autres choses, de la presse, de l’enseignement, de l’économie sociale, de la législation et du contentieux. M. le cardinal-archevêque de Paris avait raison d’affirmer que l’église catholique est mise hors le droit commun ;