Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 15.djvu/232

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 avril 1876.

La politique a décidément de la peine à se dégager et à se fixer. Il en est un peu de nos affaires intérieures comme des affaires de l’Europe ; les unes et les autres se traînent assez lourdement à travers des embarras qui n’auront pas de mauvaises conséquences, il faut le croire, mais qui pèsent sur l’opinion, réduite chaque jour à se dire : Que prétend-on faire ? Où veut-on aller ?

Assurément c’est une distraction précieuse d’observer la figure que font les nouveaux préfets dans les conseils généraux ou de recueillir les harangues prononcées dans ces modestes assemblées départementales. Les discours de M. Victor Hugo et de M. le docteur Robinet ne laissent pas non plus d’être par ce temps de vacances des intermèdes de haut goût. C’est toujours une bonne chose d’apprendre que la commission du budget se réunit au Palais-Bourbon pour se livrer dans le plus grand secret à des délibérations, à des consultations, — qui le lendemain sont divulguées et plus ou moins dénaturées ! L’élection de M. Cantagrel à Paris a bien aussi son intérêt, elle complète la représentation du radicalisme parisien. Polémiques, notes ministérielles, explications, réfutations et confusions, rien ne manque pour occuper ces heureux jours de congé parlementaire ; mais enfin cela ne dit pas ce qu’on peut attendre de la majorité des assemblées nouvelles, quelle marche se propose de suivre le gouvernement, quelle direction définitive doit prendre notre politique, et ce serait là l’essentiel. Attendez la fin des vacances, dira-t-on, tout s’éclaircira, tout prendra une face nouvelle. La majorité va se coordonner et se discipliner dans la chambre des députés comme dans le sénat ; elle étonnera le monde par sa modération et son esprit pratique. Le ministère va en finir avec ces propositions saugrenues qui se succèdent, qui ont la prétention de toucher à tout et qui ne font que gâter nos affaires ; il aura une opinion et il la soutiendra. — Rien de mieux, attendons sans impatience. Il faut seulement remarquer que