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Khavanski, les Galitsyne, les Kourakine, les Troubetskoï en Russie,. les Czartoryski et les Sangouszko en Pologne. À cette double descendance des anciens souverains nationaux s’ajoutaient sept ou huit familles sorties d’anciens chefs tatares, tcherkesses on géorgiens, admis jadis au nombre des kniazes russes, et dont la plupart, comme les Tcherkaski, les Mechtcherski, les Bagratioo, portent également des noms historiques.

Un simple dénombrement montre que ces kniazes russes ne le cèdent à aucune noblesse de l’Europe en antiquité ou en illustration ; aujourd’hui encore, ils ne le céderaient à aucune en hommes distingués. Et cependant, dans toutes ces maisons de sang presque ; royal, à côté desquelles se placent encore d’anciennes familles de boïars, dans toute cette haute noblesse russe, il n’y a pas les élémens d’une aristocratie politique, il n’y a pas de quoi faire, par exemple Y une chambre des pairs, une chambre de boïars héréditaire. Cette sorte d’incapacité aristocratique a une double raison : elle tient à la constitution historique de la société russe, elle tient aussi et avant tout à la constitution même de la famille russe.


II

Dans la famille du dvorianine et du kniaze comme dans celle du marchand ou du mougik, règne l’égalité des enfans, égalité de droits, égalité de titres. Avec ce principe démocratique, auquel la noblesse russe est toujours demeurée fidèle, les germes d’aristocratie tombés ça et là sur le sol russe ne pouvaient lever. Dans ces maisons princières du sang de Rurik et de Guédimine, comme chez la commune noblesse, il n’y a point d’aîné, point de chef de famille pourvu de droits particuliers. La fortune du père se partage également entre les fils, le titre paternel passe à tous indistinctement, et, comme c’est le seul bien qui ne soit pas réduit par des partages successifs, c’est souvent le seul héritage qui leur reste de leurs ancêtres. De là fréquemment l’avilissement d’un titre qui, tout en appartenant à peu de familles, peut appartenir à la fois à beaucoup d’individus. À force de se ramifier, plusieurs de ces familles princières, et parfois les plus illustres, ont formé comme un arbre ou un buisson touffu dont les branches enchevêtrées s’étouffent et se cachent les unes les autres.

Quelques-unes de ces maisons de kniazes, dont l’unité et la fortune ne sont maintenues ni par le droit d’aînesse ni par l’entrée des cadets dans l’église, sont aujourd’hui de vraies tribus, de vrais clans n’ayant d’autre lien qu’un même nom. Les Galitsyne, par exemple, comptent, dit-on, environ un millier de membres, et par