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fournir de l’eau-de-vie qu’en quantité modérée. Les Esquimaux se maintiennent tels qu’ils ont toujours été ; mais ces hyperboréens ne nous apprennent rien de l’ancienne population américaine, à laquelle ils sont sans doute étrangers.

Dans les territoires de la Colombie britannique et de l’Orégon, le climat, tempéré par les courans chauds du Pacifique, devient supportable ; le sol est fertile, il abonde en minerais précieux. En réalité le pays est d’une richesse telle que les colons en tirent un merveilleux parti. Les indigènes étaient tout à fait barbares à l’arrivée des Européens, et l’accord entre les deux races ne s’est jamais établi, parce qu’il n’y a pas d’accord possible entre un peuple chasseur et des colons qui défrichent la terre. Les Indiens, étant les plus faibles, disparaissent de jour en jour. On les accuse d’être traîtres et cruels ; avant de croire tout ce que l’on en raconte, encore faudrait-il savoir ce qu’ils ont eux-mêmes à dire des étrangers qui sont venus prendre leur place sur la terre. En Californie, — le croirait-on ? — dans une province dont tous les voyageurs exaltent la richesse, la race humaine est restée moins avancée que partout ailleurs. Les Californiens sont à peine vêtus, ils ne savent pas se construire des maisons, fabriquer des canots, encore moins cultiver le sol, à peine sont-ils chasseurs ; on prétend qu’ils n’ont ni morale, ni religion. Plus à l’est, à mesure que l’on approche de l’Atlantique, les indigènes ne vivront bientôt plus que dans les souvenirs des vieux colons. L’immigration européenne les anéantit ou les refoule, ce qui revient au même en définitive. Le gouvernement fédéral s’efforce de cantonner ce qu’il en reste dans un territoire. réservé d’où les pionniers sont exclus, afin que ces malheureux natifs puissent conserver leurs habitudes vagabondes. Il y a encore, dit-on, 300,000 Indiens environ aux États-Unis, nombre bien inférieur a ce que l’on en aurait compté jadis. Le seul point à noter ici est que ces Peaux-Rouges ne 8e comportent pas tous de même façon vis-à-vis de leurs voisins européens. Les uns paraissent intraitables ; il n’y a pas espoir de les dompter. D’autres au contraire s’assouplissent aux habitudes de la vie civilisée, ils vivent en paix au milieu des blancs, apprennent à cultiver la terre et à soigner leurs animaux domestiques. Il semblerait qu’il y a deux races distinctes parmi les Indiens, deux races dont l’une est plus susceptible que l’autre de se perfectionner.

La race blanche n’a guère entamé jusqu’à ce jour la région située sur les confins des États-Unis et du Mexique ; par conséquent, les Indiens s’y montrent davantage à l’état de nature ; aussi est-il curieux de les Y étudier. Le climat et l’aspect physique y présentent beaucoup de variété. Des savanes sablonneuses, stériles, sont coupées du nord au sud par des chaînes de