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produisant d’une part une condensation, de l’autre une vaporisation, peut rendre compte de déplacemens apparens qui exigeraient des vitesses fabuleuses. C’est ainsi que, par un temps calme, nous voyons parfois le ciel se couvrir de nuages presque instantanément ou bien s’éclaircir avec la même rapidité en l’absence de courans d’air assez violens pour expliquer le transport apparent de ces masses mobiles. De même un nuage peut paraître immobile malgré le vent qui devrait l’entraîner. Nous en avons un exemple dans ce qu’on appelle les « nuages parasites » de nos montagnes : l’air humide traversant une région très froide, la vapeur qu’il renfermé s’y condense pour se vaporiser un peu plus loin, de sorte que le même espace est toujours rempli d’un brouillard qui se renouvelle à mesure qu’il disparaît.

Le phénomène des taches et des facules a d’ailleurs, pour ainsi dire, son complément naturel dans celui des protubérances. Depuis sept ans, l’étude régulière des protubérances, entreprise par le père Secchi et par d’autres astronomes, a mis en pleine évidence la relation étroite qui existe entre les deux ordres de phénomènes. En dessinant jour par jour les chaînes de protubérances que la rotation du soleil amène sur les bords visibles, le père Secchi a constaté qu’en somme, si l’on considère en bloc les résultats d’une série de rotations, les taches, les facules les plus brillantes et les protubérances éruptives se montrent de préférence dans les mêmes régions du disque solaire, c’est-à-dire dans les deux zones voisines de l’équateur qui sont comprises entre le 10e et 30e degré de latitude, et que les maxima de ces phénomènes ont lieu sensiblement aux mêmes époques. Lorsqu’on se borne à comparer les observations individuelles, cette coïncidence se trouve souvent en défaut ; mais il n’y a rien là qui doive nous étonner, puisque les protubérances ne peuvent être vues que sur le bord, tandis que les taches et les facules s’observent dans le champ du disque. Au surplus, chaque fois qu’une protubérance considérable surgit au bord oriental, on est sûr de voir poindre le lendemain une tache au même endroit. Les protubérances les plus élevées sont des jets d’hydrogène ; mais il y en a beaucoup, d’une hauteur moindre, où l’analyse spectrale fait reconnaître la présence de vapeurs métalliques, et des traces des raies métalliques se manifestent presque toujours à la base des grandes. Or assez souvent ces raies empiètent sûr le disque solaire et se prolongent jusqu’au noyau d’une tache voisine du bord. C’est une preuve irréfutable que l’éruption de vapeurs métalliques a son origine près du noyau de la tache. Le père Secchi pense avoir constaté que les jets d’hydrogène pur s’élèvent généralement au-dessus des facules, et les éruptions métalliques sur les parties sombres des taches.