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Stockmar nous fournissent quelque chose de nouveau sur les affaires de Belgique et permettent d’ajouter des pages intimes à l’histoire officielle.

Avant que le nom du prince Léopold fût prononcé dans les discussions relatives à la royauté belge, il fallait que cette royauté eût déjà la consécration d’un vote national. On sait que, le roi Guillaume Ier ayant invoqué le secours des cinq puissances qui avaient par le traité de Paris et de Vienne constitué le royaume des Pays-Bas, les plénipotentiaires des cinq puissances se réunirent à Londres au commencement du mois de novembre 1830. Le premier protocole de la conférence, en date du 4 novembre, proposa aux Hollandais et aux Belges un armistice qu’ils acceptèrent. Six jours plus tard, le congrès national de Belgique ouvrait ses séances à Bruxelles ; après de solennels débats, le congrès proclama trois principes qui devaient être la base de toutes les délibérations ultérieures : l’indépendance de la Belgique, l’établissement de la monarchie, l’exclusion des princes de la maison Orange-Nassau. À ces trois votes sont attachées trois dates mémorables dans l’histoire de Belgique, le 18, le 22 et le 23 novembre 1830. Les semaines qui suivirent, semaines d’agitations et d’angoisses pour les hommes d’état belge, furent employées au choix du souverain. Ce ne fut pas de la Belgique, il faut le dire, ce fut de l’Angleterre que vint la première idée de proposer le prince Léopold. La Belgique, fort mécontente à ce moment de certaines décisions de la conférence de Londres relatives au duché du Luxembourg, était naturellement portée à s’appuyer sur la France. Il y avait même, en Belgique comme en France, des esprits aventureux qui, dans l’ardeur des sympathies mutuelles, pensaient à la réunion des deux peuples. C’est précisément ce qui inquiétait le foreign office. La candidature du duc de Nemours qui, en toute autre circonstance, aurait pu être acceptée par les ministres anglais, leur apparut comme une forme déguisée de cette union. Au mois de janvier 1831, M. Van de Weyer, l’illustre citoyen belge, qui s’était rendu à Londres pour tâcher de mettre fin à toutes ces difficultés, eut à ce sujet de longues conversations avec lord Palmerston. Lord Palmerston, sans se déclarer d’abord aussi rudement qu’il le fit peu de temps, après contre la candidature d’un prince français, s’efforçait d’écarter à l’amiable le duc de Nemours, et, comme on ne pouvait l’écarter qu’en le remplaçant, il proposait sans bruit le prince Léopold. « Le duc de Nemours est bien jeune, disait-il ; il faut des mains plus vigoureuses pour tenir les rênes d’un nouvel état. Pourquoi ne songeriez-vous pas au prince Léopold de Saxe-Cobourg ? » Dans ces insinuations hardies, lord Palmerston avait réponse à tout. Si M. Van de Weyer lui objectait certaines nécessités politiques, la France à