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Écoutons plutôt le jugement d’un étranger, d’un Anglais, M. C.-L. Brace, cité avec raison par M. Topinard. « Par son génie et son caractère, assez contradictoires en apparence, dit M. Brace, le Français tient de trois grandes races dont il dérive. Par son caractère, brillant et belliqueux, sa passion de parade et d’effet, son goût pour les arts et les ornemens, son entrain, sa légèreté, sa galanterie, il est franchement Celte ; par la dévotion d’un grand nombre, par son sérieux, son sentiment d’indépendance personnelle, son esprit de libre examen et sa profondeur en matière scientifique, il est Teuton, tandis qu’il tient du Romain son merveilleux talent d’organisation et ses tendances à la centralisation. La race française, en somme, avec son génie, sa science, sa grandeur, ses fautes faisant pitié, ses infortunes qui affligent le monde, son passé splendide et son avenir mystérieux, constitue une unité, une force neuve et vivace comptant dans la vie de l’humanité, et aussi caractérisée qu’aucune des grandes faces de l’antiquité. »

Qu’il nous soit permis en terminant de former un vœu et de donner un conseil. L’anthropologie, dans beaucoup de ses parties, n’est pas une science ardue et abstraite. Elle doit intéresser tous ceux qui pensent, et tous ceux qui pensent peuvent contribuer à ses progrès. En Amérique et en Angleterre, à côté des savans qui cherchent, il y a le public qui les juge et qui souvent travaille avec eux. Qu’il en soit de même en France, sinon pour ces sciences ardues qui exigent tant d’années de préparations et de méditations, mais au moins pour l’anthropologie. Voyageurs, industriels, artistes et savans apporteront leur concours à l’histoire de l’homme, et ce sera une gloire pour l’humanité de connaître quel chemin elle a du parcourir pour atteindre le progrès d’aujourd’hui.


CHARLES RICHET.


La Génération des fermens, par M. E. Fremy, de l’Académie des Sciences, Paris 1876 ; "Masson.


Tout le monde est d’accord aujourd’hui sur le rôle que remplit la fermentation dans la vie animale et végétale : elle produit ce grand phénomène de rotation organique par lequel les élémens des corps vivans sont finalement restitués à l’air et au sol, sous une forme qui se prête à l’assimilation végétale, afin de rentrer de nouveau dans le torrent de la circulation. La décomposition qui précède ce retour en poussière est due à l’intervention d’agens spéciaux qu’on appelle ferment ; mais la véritable nature de ces agens est encore enveloppée d’obscurité, et les débats sur cette question sont plus vifs que jamais. On sait que M. Pasteur soutient la doctrine de la panspermie, d’après laquelle les fermens sont des êtres vivans dont l’éclosion dépend de germes que l’air tient en suspension et qu’il sème dans les milieux fermentescibles.