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ou moins anciennes ; c’étaient autant d’obstacles au libre exercice des industries, à la liberté d’un bon nombre de professions et d’un grand nombre de transactions. En France, de même, après qu’en 1860 on eut proclamé que la liberté des échanges internationaux devenait la base de la politique commerciale, on à senti que c’était un devoir strict de donner au travail national des facilités nouvelles, au nombre desquelles on peut citer la création de chemins de fer nouveaux, le rachat des canaux grevés de lourds péages, l’amélioration d’une partie des ports, l’ouverture d’écoles nouvelles, l’abolition de certains monopoles, tels que celui des courtiers, une latitude beaucoup plus grande accordée à l’esprit d’association, et la réforme de plusieurs lois réglementaires relatives à d’autres sujets.

La liberté des échanges internationaux, tout en n’étant en quelque sorte qu’un cas particulier de la liberté du travail, exerce parfois sur cette liberté même une réaction fort opportune à signaler. Le travail ne serait pas libre chez une nation où la douane frapperait de droits les matières premières de l’industrie à l’état brut, telles que sont la laine en masse, le coton en laine, le chanvre ou. le lin à l’état naturel ou teilles, et aussi cette autre catégorie d’articles qu’on qualifie, non sans de bonnes raisons, de matières premières, quoiqu’ils aient déjà subi des opérations manufacturières : tels sont les fontes, les fers en barres ou en feuilles et les aciers sous toutes formes, tels encore les filés de coton. L’obstacle que les droits de douane opposeraient à la libre importation de ces différens objets et l’élévation du prix que ces droits auraient pour effet de déterminer, restreindraient très fâcheusement la liberté du travail.

L’instrument par lequel la liberté des échanges internationaux agit sur la puissance productive de la société pour la développer est l’aiguillon de la concurrence étrangère. Elle place ainsi les chefs d’industrie dans l’obligation de ne rien épargner pour s’assimiler les progrès accomplis par les étrangers. Dès que la liberté des échanges internationaux approche de la plénitude, il faut bien qu’ils marchent. S’ils voulaient se faire retardataires, ils en porteraient la peine. Les manufacturiers et les agriculteurs sont contraints à avoir constamment les yeux fixés sur leurs émules de l’extérieur, afin de ne pas s’en laisser dépasser. L’apathie et l’inertie sont interdites. Il faut qu’on soit constamment au niveau des producteurs qui travaillent en dehors des frontières. La crainte qu’on en a est la sauvegarde de l’intérêt public, la suprême garantie du consommateur, qui est tout le monde.

Ce n’est pas que la concurrence intérieure n’ait son mérite et son