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conflit ; c’est celle qui touche à la loi municipale, ou plutôt à la nomination des maires. Le gouvernement veut maintenir l’état en possession du droit de nommer les maires dans les chefs-lieux de département, d’arrondissement et dans les chefs-lieux de canton ; une fraction de la majorité républicaine au contraire tient à l’élection des maires par les conseils municipaux, au moins dans les cantons. Comment sortir de là ? Aura-t-on recours à un expédient plus ou moins provisoire dénué d’autorité ? Poussera-t-on jusqu’au bout le conflit ? C’est ici justement une de ces circonstances où la majorité républicaine est intéressée à montrer qu’elle sait se rendre à la nécessité des choses en acceptant une garantie du gouvernement. Le ministère trouverait évidemment dans le double vote de la collation des grades par le sénat, de la loi municipale par la chambre des députés, une force qui lui permettrait de poursuivre sans embarras sa politique de gouvernement libéral et conservateur.

Il y a des scènes qui délassent de la politique, tout en y ramenant sans cesse, et de ce nombre est assurément cette récente séance de l’Académie française où M. Jules Simon était reçu comme le successeur de M. Charles de Rémusat. La fête a été complète. M. Thiers était là pour rendre le dernier hommage à un ami de plus d’un demi-siècle, qui comme ministre des affaires étrangères a été le compagnon de ses travaux dans la libération du territoire. Le héros de la journée était cet esprit élevé et charmant, si vrai, si indépendant, si amoureux de toutes les libertés, qu’il honorait par l’usage qu’il savait en faire, et le meilleur éloge qu’on puisse donner à M. Jules Simon, c’est de dire qu’il a parlé de M. de Rémusat comme il devait en parler, avec esprit, avec bonne grâce, avec justesse, dans des termes dignes de celui à qui il succède, et qui reste comme l’un des types les plus éminens de l’esprit français dans notre siècle.

CH. DE MAZADE.


REVUE MUSICALE.

Scribe prétendait qu’une pièce était toujours mal conçue quand elle avait besoin du dialogue pour être comprise et ne pouvait se raconter au public par simples gestes. Selon sa théorie, le dialogue et le style étaient choses absolument secondaires, sinon indifférentes, dans une comédie ou dans un drame. Il est vrai qu’en songeant à la langue que parlait au théâtre l’auteur de la Camaraderie et à Une Chaîne, peut-être aurait-on été en droit de lui répondre : « Vous êtes orfèvre, monsieur Josse. » J’ai vu ainsi Duprez, sur la fin de sa carrière dramatique, alors que son gosier n’émettait plus un seul son appréciable, soutenir que,