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guerres de la fin du règne de Louis XIV. La reine Marie-Amélie redoutait le palais de Madrid pour ses enfans : elle avait reçu d’une sœur chérie, devenue princesse des Asturies, des confidences qui l’avaient attristée. Quand plus tard un de ses fils, épousa l’infante sœur de la reine, les jeunes époux ne. vécurent pas à la cour.

Si ni le roi ni la reine ne voulaient mettre un fils de France sur le trône d’Espagne » la reine Christine le désirait au contraire vivement : elle avait jeté les yeux sur le duc d’Aumale, qu’elle avait vu à Pampelune ; on lui déclara péremptoirement que son espérance était chimérique.

Qui pouvait prétendre à la main de la reine ? Le comte de Trapani, accepté un moment par la reine Christine et par le roi Louis-Philippe, était repoussé par le sentiment unanime du peuple espagnol. Le duc de Se ville s’était rendu odieux à la reine Christine et aux « modérés » par ses alliances avec les radicaux, par ses actes inconsidérés et ses violences. Restaient le duc de Cadix et le prince Léopold de Cobourg, de la branche catholique des Cobourg. La France ne faisait aucune objection au mariage de l’infante, sœur de Ta reine, avec un Cobourg ; elle ne voulait pas de son mariage avec la reine ; ayant renoncé elle-même à lui donner un époux français, elle avait le droit de repousser celui avec lequel l’Angleterre avait notoirement lié ses intérêts. L’Angleterre donnait l’exclusion à nos princes, nous la donnions au sien.

Jusqu’à la dernière heure, l’Angleterre espéra pourtant faire triompher la candidature du prince de Cobourg. De Madrid, de Lisbonne, de Londres, de Bruxelles, on tendait sur l’Europe comme une toile d’araignée dans laquelle on espérait bien faire tomber la mouche française. M. Guizot répétait à satiété dans ses dépêches que, lorsque nous avions déclaré notre parti-pris de ne pas vouloir du trône du roi pour un fils du roi, nous ne pouvions cependant admettre que l’Espagne fût jetée hors de, sa tradition historique et que le trône pût sortir de la maison de Bourbon. M. Bulwer, qui était à Madrid, ne voulait pas d’un Bourbon. « J’étais, je l’avoue, tout à fait opposé aux prétentions bourbonniennes. » (Tome III, p. 223, Vie de lord Palmerston.) « Si j’avais, ajoute-t-il, pu conduire la cour espagnole, j’eusse lié les langues, et j’aurais amené le prince Léopold à Madrid pour le marier soudainement avec l’approbation des cartes et les acclamations de l’armée, » Tels étaient les desseins de ceux qui plus tard osaient accuser notre bonne foi ; ils voulaient prendre, non pas la main d’une infante, mais la couronne même par une sorte de surprise.

La question des mariages espagnols avait été posée pendant le ministère de sir Robert Peel et de lord Aberdeen. Ce dernier avait déclaré au roi Louis-Philippe à Eu que tous les aspirans à la main