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leur exploration a été publié l’année dernière par M. Stuart dans une série de mémoires, et M. Cotard a exposé l’état des négociations dans une communication faite à la Société de géographie de Paris dans sa dernière séance annuelle. Nous y puiserons quelques chiffres intéressans.

Ce qui est certain, c’est que la route des Indes par la Russie est de toutes la plus directe, plus courte encore que la route maritime par la Méditerranée et le canal de Suez. La direction à vol d’oiseau, en d’autres termes le grand cercle tiré par Londres et Calcutta, est. loin de descendre autant vers le sud : cette ligne passe par Amsterdam, Berlin, Varsovie, coupe la Caspienne et la mer d’Aral, traverse Samarcande, la vallée de l’Indus et l’Himalaya. Le tracé qui se rapprocherait le plus de cette ligne idéale serait celui qu’a indiqué un ingénieur russe, M. Baranovski, et dont le point de départ est Saratof ; mais ce tracé a le grave inconvénient de traverser, sur la plus grande partie de son parcours, des régions absolument désertes et privées d’eau, comme l’aride plateau de l’Oust-Ourt, qui s’étend entre la mer d’Aral et la Caspienne. En outre, il laisse de côté Tachkend, qui est le principal entrepôt du commerce de l’Asie centrale. Ce projet n’a donc aucune chance d’être jamais pris au sérieux. Dans le choix qu’il s’agit de faire entre les divers tracés, il ne suffit point de considérer la longueur des lignes, il est essentiel de tenir compte de toutes les circonstances qui peuvent en faciliter l’exécution et en améliorer le produit. Il faut avant tout que le chemin de fer central-asiatique passe par Tachkend et traverse des contrées qui offrent certaines ressources, et notamment du combustible et de l’eau.

Les points extrêmes atteints vers l’est par les chemins de fer russes sont, avec Saratof, Orenbourg et Nijni-Novgorod ; du moins la ligne d’Orenbourg est-elle sur le point d’être achevée. En choisissant Orenbourg comme tête de ligne, on aurait eu l’avantage d’une distance plus courte à franchir, car Orenbourg avait une avance considérable sur tout autre point, tant que la prolongation de la ligne de Nijni-Novgorod vers la Sibérie n’était pas encore décidée. Le général Kauffmann, que M. Cotard a vu à Pétersbourg, et le célèbre voyageur Severzof s’étaient également prononcés pour le choix d’Orenbourg. Les conditions ne sont plus les mêmes depuis que le gouvernement russe a ordonné, au mois de décembre dernier, la construction de la ligne sibérienne depuis Nijni-Novgorod jusqu’à Ekaterinbourg et Tiumen, sur une longueur de 1,500 kilomètres. On pourrait maintenant aussi bien choisir comme point d’attache avec le réseau russe l’une ou l’autre de ces deux stations nouvelles ; au mois d’avril dernier, les journaux russes ont même annoncé que l’empereur venait d’accorder l’autorisation de