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profitant notamment des renseignemens recueillis par le baron Richthofen pendant ses voyages en Chine. La Turquie d’Asie ne paraît posséder qu’un seul gîte houiller : c’est celui d’Eregli (Héraclée), sur les bords de la Mer-Noire, qui fut découvert en 1834 et dont l’exploitation fut commencée sept ans plus tard par des Croates et des Monténégrins. Ce bassin s’étend le long de la mer sur plus de 100 kilomètres : il est très riche et renferme une houille comparable à la houille anglaise ; mais on gaspille ces trésors par une exploitation des plus imprévoyantes, qui est un véritable pillage. Tout le monde peut se procurer un teskéré qui autorise le porteur à faire des recherches et, en cas de succès, à exploiter la mine trouvée pour le compte du gouvernement. On pousse les puits tout au plus à la profondeur de 80 ou 100 mètres, et on les abandonne dès que le mauvais temps ou les eaux interrompent le travail. De cette façon, le terrain est fouillé un peu partout, et ce magnifique gisement perd chaque jour de sa valeur. Le transport, qui pourrait se faire si facilement par mer, a lieu à dos d’homme, et c’est l’arsenal qui consomme tout le produit de ces mines primitives. D’autres affleuremens ont été signalés sur les côtes de la Mer-Noire jusqu’au-delà de Trébizonde, puis dans le Kurdistan, où l’on trouve aussi de l’asphalte, qui est exploité par les indigènes.

La Perse possède des dépôts carbonifères assez riches dans la chaîne de l’Elbourz ; une mine existe près du village de Hif, au nord de Téhéran. Bien que la houille soit de qualité inférieure, ces gisemens ont une grande importance à cause du manque de bois, qui est une des plaies de cette contrée. Ce qui en augmente encore la. valeur, c’est que le charbon fossile y est accompagné de minerais de fer. Le charbon de Hif revient à 28 francs la ton ne sur le carreau de la mine, mais à Téhéran on le paie 50 ou 60 francs pendant l’été, et jusqu’à 100 francs l’hiver.

Dans l’Inde, la houille indigène est également d’une qualité inférieure (elle ne renferme en moyenne que 52 pour 100 de carbone). Aussi l’extraction dans les quarante-quatre mines atteint-elle à peine 5 millions de tonnes par an, et l’on continue d’importer beaucoup de houille anglaise, bien qu’elle revienne cinq ou six fois plus cher que le produit indigène, qui se vend à Calcutta 9 francs la ton ne, tandis que la houille anglaise y coûte 50 francs. Le bassin principal s’étend à l’ouest de Calcutta et couvre une surface de 1,500 kilomètres carrés ; d’après M. Oldham, le directeur du Geological Survey, la richesse de ce dépôt peut être estimée à 14 milliards de tonnes. La superficie totale des bassins carbonifères de l’Inde anglaise est évaluée à 3,800 kilomètres carrés. Les dépôts appartiennent à des âges géologiques divers, depuis le permien jusqu’au jurassique supérieur, et notamment au lias.