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publiée qu’une fois à Parme, au XVIIIe siècle, d’une façon très incomplète. M. Clédat a entrepris une révision complète du manuscrit, qui est d’une difficile lecture ; il a relevé les différences de texte, comblé les lacunes, fort nombreuses, tout remis en ordre ; nous rentrerons en possession, grâce à lui, d’un des ouvrages originaux les plus importans pour la connaissance d’une période aussi intéressante que le XIIIe siècle. M. Clédat a envoyé en outre plusieurs analecta : des lettres inédites de Diane de Poitiers, adressées au cardinal Caraffa, neveu du pape Paul IV, de 1556 à 1558, c’est-à-dire au moment où l’identité des intérêts politiques contre l’Espagne unissait le pontife et le roi de France ; — en second lieu, une notice sur le musée de sculpture du cardinal Du Bellay à Rome, au XVIe siècle. Ce cardinal, si connu par son rôle politique sous François Ier, par son neveu, le poète Joachim, et par son médecin Rabelais, a laissé dans Rome, où il passa les dernières années de sa vie, de nombreux souvenirs ; il possédait près des Thermes de Dioclétien un palais environné de grands jardins. Pour les orner, il avait acquis une collection de statues antiques et modernes qui fut dispersée après sa, mort, mais dont M. Clédat nous rend le catalogue jusqu’à présent inconnu. On sait combien ces sortes de documens sont utiles pour permettre parfois d’identifier les plus beaux ouvrages d’art et pour suivre leurs diverses destinées. — M. Clédat a envoyé aussi un examen comparatif du manuscrit de la bibliothèque Chigi, contenant le mystère provençal de sainte Agnès, et de l’édition qu’en a donnée en Allemagne M. Bartsch (Berlin, 1869). Sans insister sur la curieuse légende, dont la rédaction est attribuée à saint Ambroise, et qui est bien connue, l’auteur rappelle que cette œuvre nous est précieuse d’une part comme un des rares exemples de la littérature dramatique du moyen âge dans le midi de la France, et de l’autre comme offrant au point de vue philologique des particularités très dignes d’attention. M. Clédat, par une sorte de restitution érudite, retrace ce que devait être la représentation de ce mystère ; mais la partie la plus neuve et la plus importante de son étude est l’examen critique de l’édition de M. Bartsch. Les corrections que M. Paul Meyer avait su deviner et conseiller à l’avance, il les confirme, et il y ajoute lui-même un grand nombre d’autres corrections et d’observations philologiques dont il faudra que l’éditeur étranger tienne compte. Les travaux de notre École française de Rome devront avoir cet avantage en particulier d’instituer un permanent contrôle des publications allemandes sur les nombreux manuscrits italiens qui intéressent notre littérature du moyen âge, et bientôt même de ne plus abandonner à nos voisins un rôle qui semble devoir nous mieux appartenir.

Il est impossible à qui réside et travaille en Italie de se