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continuèrent d’avoir en Hongrie un chef de leur nation sous le nom traditionnel de despote jusqu’en 1528.

Les Serbes prirent part à toutes les guerres dont la Hongrie fut le théâtre dans le cours si agité du XVIe siècle, à la bataille de Mohacz (1524) que livra aux Turcs la plus grande partie de la Hongrie, et aux luttes qui se livrèrent pour la couronne de Hongrie. Ils prirent parti pour Ferdinand d’Autriche contre son rival Zapolya, prince de Transylvanie, bien que celui-ci fût Serbe d’origine, et dès cette époque, quelle que fût la politique intérieure de la Hongrie, alors, que les Magyars traitaient avec les Turcs et reconnaissaient leur suzeraineté, les Serbes restèrent fidèles à la maison d’Autriche, à Ferdinand, à Maximilien et à leurs successeurs. « Dans leur haine contre les Turcs, dit M. Picot, contre ces ennemis traditionnels et implacables qui ont réduit la Bosnie, la Serbie, la Slavonie, ne partie de la Hongrie, les Serbes ne peuvent hésiter ; ils sont les auxiliaires naturels et dévoués de tous ceux qui ne craindront pas de faire la guerre au sultan. De là leur attachement pour la maison d’Autriche, qui s’est imposé la tâche de refouler tout au moins les Turcs de l’autre côté du Danube et de la Save… Lorsque Soliman vint mettre le siège devant Vienne, Paul Bakitch, dont les talens militaires inspiraient toute confiance, eut mission de défendre le passage du Danube. Il avait avec lui 200 cavaliers, presque tous Serbes, qu’il entretenait à ses frais. Il réussit à surprendre les Turcs près du Kahlenberg et remporta sur eux un avantage important. Les prisonniers qu’il fit le renseignèrent sur les dispositions que les Turcs avaient prises pour donner l’assaut, et les Autrichiens purent profiter assez à temps de ces renseignemens pour repousser l’armée ottomane… Ce fut le Serbe Bakitch qui sauva Vienne. »

La lutte entre Zapolya et Ferdinand achevée, celui-ci récompensa par un privilège spécial les Serbes des environs de Varazdin qui avaient soutenu sa cause avec ardeur. Leur nombre s’augmenta sous Maximilien et sous Rodolphe par l’arrivée de nouveaux émigrans, réfugiés de Bosnie, et attirés par les promesses des empereurs. On les dispensait de tout impôt, en échange du service militaire auquel ils étaient assujettis ; ils devaient défendre la région frontière où on les établissait. C’est là l’origine des confins militaires de la Hongrie, dont la situation légale fut déterminée en 1578, par un édit rendu à Bruck-sur-la-Mur. Dès ce moment et jusqu’à ces dernières années, où ils ont été abolis, les confins ont relevé directement de Vienne et de l’empereur, bien que la diète hongroise prétendit les assimiler au territoire hongrois et refusât de reconnaître les franchises accordées par les empereurs. Les Serbes de Hongrie, établis pour la plus grande partie dans les confins, furent souvent les victimes de ce conflit d’autorité, et plus