Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 17.djvu/311

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

national lui paraît l’exiger. Les clauses du bill qui prescrivent la fermeture de tel et tel consulat pour une date déterminée, ou qui spécifient le grade du représentant des États-Unis près d’une cour, doivent être considérées comme des recommandations dont il sera tenu le plus grand compte ; mais si l’on entendait leur attribuer un caractère purement obligatoire, elles constitueraient un empiétement sur le pouvoir exécutif dont elles entraveraient la liberté d’action.

On voit reparaître, dans ce message, la question toujours controversée du vote du budget par chapitres ou par articles, qui a été si souvent débattue en France et dans tous les pays qui ont des parlemens. Les assemblées, toujours jalouses d’étendre leur autorité, ont la prétention, sous prétexte de régler l’emploi des deniers publics, d’entrer dans le détail de l’administration ; le gouvernement, qui a la responsabilité, qui voit les choses de plus près et qui est aux prises avec les difficultés de la pratique, défend de son mieux la liberté de son action. Le président des États-Unis a été jusqu’ici plus maître de l’administration qu’aucun monarque constitutionnel, et le général Grant n’est pas homme à laisser amoindrir son autorité. Le temps manquait pour des discussions spéculatives : aucun débat ne s’est donc engagé sur les deux messages du président ; la chambre s’est contentée de les renvoyer à son comité judiciaire, qui en fera l’objet d’un rapport dans la session prochaine.

En résumé, après que l’accord a été établi entre les deux chambres, l’ensemble des crédits accordés pour l’exercice 1877 s’est trouvé inférieur d’un peu plus de 29 millions de dollars aux crédits votés pour 1876. Les républicains contestent l’exactitude de ce chiffre de 29 millions. Le budget de 1876 comprend 4 millions destinés à couvrir les insuffisances de recettes de l’exercice précédent et pourvoit à diverses dépenses, notamment à la célébration du centenaire de l’indépendance, qui ne doivent pas se reproduire en 1877. Ils prétendent qu’on profite, en 1877, sans les faire figurer ni en recettes ni en dépenses, de 2 millions de dollars provenant de crédits non employés. Enfin ils font remarquer que les démocrates n’ont pas seuls le mérite de l’économie, puisque du chiffre de 229,905,038 dollars qu’il atteignait en 1866, le budget des dépenses a été ramené, en 1875, à 171,521,818 dollars, et que le budget de 1876 a encore présenté une réduction de 13,318,322 dollars sur le précédent. Ces critiques et ces chiffres peuvent être exacts ; mais, ainsi que le faisait justement observer un sénateur démocrate, M. Saulsbury, du Delaware, ce fait n’en demeure pas moins acquis que, dès la première session où les démocrates ont été