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du scrutin. Comme les commandans des troupes fédérales ne peuvent agir que sur une réquisition régulière des autorités locales, et qu’ils doivent toujours déférer à une telle réquisition, la circulaire ministérielle n’est qu’une démonstration destinée à inspirer confiance aux agens du parti républicain, et à rassurer les électeurs nègres. C’est ainsi qu’aux États-Unis tout est perverti dans un dessein électoral : les discours des orateurs, les votes des chambres, les actes du gouvernement, quelquefois même les arrêts de la justice ne sont inspirés que par l’esprit de parti, et n’ont qu’un seul objet : favoriser ou prévenir le triomphe d’une candidature. Cela est surtout manifeste lorsqu’il s’agit de la première magistrature ; rien ne retient plus les intérêts que menace ou que surexcite la perspective d’un changement d’administration. Ce n’est pas seulement une crise matérielle, c’est une crise morale que ramène tous les quatre ans l’élection du président.

La clôture de la session, en rendant la liberté aux principaux orateurs des deux partis, a donné un redoublement d’activité à la lutte électorale. Les réunions publiques vont se multiplier dans toute l’étendue du territoire. Déjà M. Blaine, dans le Maine, et M. Morton, à Indianapolis, ont harangué les électeurs républicains en faveur de M. Hayes. Deux hommes considérables se sont prononcés pour M. Tilden : l’un est M. Charles-Francis Adams, dont le père et le grand-père ont été présidens, qui porte honorablement un nom historique et qui représentait les États-Unis à Londres pendant la guerre civile. L’autre est le général Franz Sigel, qui commandait l’artillerie fédérale pendant la guerre et qui jouit d’une grande popularité parmi les électeurs allemands. Dans tous les centres, les deux partis ont établi des comités qui se tiennent en permanence pour recevoir les adhésions, transmettre des instructions aux agens et communiquer avec les journaux. Le ministre de l’intérieur, M. Chandler, qui est président du comité national républicain, a déserté son cabinet pour se consacrer à la direction de la campagne électorale : tout son personnel est employé à diriger la distribution des brochures commandées en faveur de M. Hayes : La Bible, la sécurité de nos institutions et la liberté religieuse, nos périls et nos espérances. — Le Vaticanisme en Allemagne et aux États-Unis. — Les Rapports de l’église et de l’état et les écoles publiques. — Les Démocrates, leurs violences, leurs proscriptions et leur intolérance. — Le Devoir pour le parti républicain de défendre les droits des hommes de couleur. — Jefferson Davis et l’amnistie. — La Nation peut-elle avoir confiance dans les démocrates ? Les démocrates, de leur côté, ont fait imprimer et distribuer à profusion des extraits de toutes les enquêtes auxquelles la chambre a procédé, et leurs