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d’obtenir une bourse à une des écoles régionales, — et l’on sait qu’une portion des bourses de ces établissemens est réservée à cet usage, — pût prétendre à la même faveur pour l’institut agronomique. Et en effet l’institut est destiné à former non-seulement des fils de riches propriétaires, mais aussi et plus encore peut-être cette classe de régisseurs éclairés qui nous manquent, et les professeurs qui devront enseigner dans les écoles régionales et dans ces chaires des départemens, dans ces cours nomades que l’on ne saurait trop encourager. À ces bourses il convient de joindre les missions que l’état accordera aux deux élèves qui, chaque année, sortiront les premiers de l’école, complément précieux d’une éducation scientifique que ces missions achèvent, comme les stages agricoles et les excursions à l’étranger complètent l’instruction de l’élève de Grignon.

Une question délicate était le mode de nomination des professeurs : conviendrait-il de mettre les chaires au concours, ainsi que l’on avait fait pour l’institut de Versailles ? Les concours d’alors furent assurément sérieux, et l’on n’eut point à s’en plaindre. Toutefois le gouvernement et les commissions avaient d’abord repoussé ce principe, craignant qu’il n’eût pour effet d’écarter les maîtres les plus illustres. On a depuis adopté un moyen terme qui concilie les deux systèmes proposés : les nominations, pour commencer, seront faites au choix ; plus tard, elles devront l’être au concours. De cette façon, le gouvernement peut aujourd’hui faire appel à des hommes éminens, tels que M. Léonce de Lavergne et, nous l’espérons, plusieurs autres, qui apporteront à l’institution naissante le prestige et la garantie de leurs noms.

Nous n’avons pas à insister plus longuement sur le dispositif de la loi ; mais nous devons l’examiner à un point de vue qui au temps présent domine les autres, où tout esprit pratique doit se placer, mais où il nous semble qu’on s’arrête un peu trop complaisamment quand il s’agit de l’enseignement agricole : le point de vue du budget. — Combien va coûter l’institut agronomique ? quels seront les frais de premier établissement ? quelles seront les dépenses annuelles d’entretien ? On a beaucoup reproché à l’ancien institut les charges qu’il avait imposées au trésor : l’institut nouveau, à défaut d’autre supériorité, aura en tout cas le mérite de coûter peu. A Vincennes et au Conservatoire, les sommes nécessaires à l’appropriation des locaux et à l’installation des cours ne paraissent pas devoir dépasser 100,000 francs ; pour cette année, le ministre de l’agriculture et du commerce s’est borné à demander l’ouverture d’un crédit de 130,000 francs ; pour 1877, on atteindra 145,000 fr. ; ce ne sera qu’en 1878 que l’institut, en plein fonctionnement,