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dont M. Dominique Barti publie en ce moment le texte complet. Enlevé sous le premier empire aux archives du Vatican et transporté à Paris, ce recueil original y fut vu par l’historien Denina, qui le jugea sans importance. Napoléon Ier ordonna néanmoins qu’on le publiât en plaçant la traduction en regard du texte ; mais la publication, une fois commencée, ne fut pas continuée ; on n’en connut alors que le début, dont l’astronome Delambre donna communication à l’Italien Venturi. Au mois de décembre 1814, d’après le témoignage du duc de Blacas, la bibliothèque particulière du roi Louis XVIII avait reçu le dépôt du manuscrit tout entier, tel que le gouvernement impérial l’avait trouvé en Italie et fait apporter en France. Pendant les premières années de la restauration, d’actives négociations furent engagées par la cour de Rome auprès du gouvernement français pour obtenir la remise d’un ensemble de documens si importans. Sans refuser positivement ce qu’on lui demandait, la restauration gagna du temps et attendit. Ce ne fut qu’en 1846, après trente-deux ans de pourparlers, que le manuscrit reprit la route de Rome, grâce sans doute aux instances de Rossi, qui le présenta lui-même à Pie IX de la part du roi Louis-Philippe. Des mains du souverain pontife, il rentra, au mois de novembre 1848, dans les archives secrètes du Vatican, où il se trouve encore aujourd’hui.

Ce qu’on en connaissait avant le travail de M. Dominique Berti se borne à un choix de documens publiés à Rome en 1850 avec beaucoup de précautions par Mgr Marino Marini, jadis préfet des archives secrètes du saint-siège, et à une publication plus étendue, mais sur certains points inexacte, sur d’autres incomplète, qui fut faite à Paris en 1867 par M. Henri de l’Épinois. Ces deux écrivains se placent à un point de vue spécial ; ils paraissent plus occupés de justifier les juges qui ont condamné Galilée que d’exposer la vérité tout entière avec la liberté d’esprit de l’historien. On comprend alors pour quels motifs, ayant entre les mains le manuscrit tout entier, ils n’en ont publié qu’une partie. La cour de Rome crut-elle réellement que ces deux publications contenaient tous les documens relatifs au double procès de Galilée, ou pensa-t-elle que le moment était venu de ne plus rien cacher au public ? Toujours est-il que M. Dominique Berti, au mois de février 1870, obtint communication du manuscrit original et put le consulter, le copier même à loisir dans la chambre du père Theiner, officiellement autorisé à le lui communiquer. La publication actuelle ne se fait donc point par surprise ; si le saint-siège avait quelques motifs de la regretter, il ne pourrait du moins, ni en contester l’authenticité ni se plaindre qu’on ait agi sans son aveu.