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Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 17.djvu/660

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verrons tout à l’heure, crurent-ils se mettre d’accord en restant profondément divisés.

Il semble en tout cas qu’à partir de l’avènement d’Urbain VIII au trône pontifical, Galilée se soit senti plus à l’aise pour aborder de nouveau, sous une forme détournée, le sujet défendu. Était-ce le résultat d’une confiance exagérée dans l’amitié du souverain pontife, d’une interprétation trop favorable de quelques paroles bienveillantes, ou de l’impossibilité de se taire lorsque Képler parlait hardiment hors d’Italie, lorsque sur la terre italienne on était constamment harcelé par des adversaires ignorans, et que, la main, pleine de vérités, on ne pouvait l’ouvrir pour les confondre ? Les Dialogues sur les deux grands systèmes du monde, qui allaient devenir pour Galilée une si grande source de chagrins, indiquent qu’il était partagé, en les composant, entre le désir ardent de parler et la crainte de se compromettre. Il insinue ses idées avec une finesse toute italienne plutôt qu’il ne les affirme avec décision. Il ne défend pas le système de Copernic, il l’expose ; il prend même la précaution d’annoncer dans une préface dont le canevas lui avait été envoyé de Rome, que le véritable but de son livre est de montrer qu’en Italie on ne condamne pas les idées sans les connaître, qu’en aucun pays du monde on n’en sait plus que les Italiens sur cette délicate matière. Il évite d’ailleurs soigneusement de conclure ; le personnage qu’il a chargé de représenter la doctrine de Ptolémée et de défendre la croyance à l’immobilité de la terre, quoique enveloppé dans les mailles de la dialectique la plus serrée, quoique poussé dans ses derniers retranchemens par la fine raillerie et par la logique abondante de ses interlocuteurs, leur répond sans être ébranlé : « Vos raisonnemens sont les plus ingénieux du monde, mais je ne les crois ni vrais ni concluans. » Le père Riccardi, maître du sacré-palais, chargé d’examiner le manuscrit de Galilée, se laissa prendre à demi à ces apparences innocentes et en permit l’impression, non sans résistance. Il protesta depuis qu’il avait été trompé par l’auteur, et qu’une partie des conditions auxquelles il avait subordonné l’Imprimatur n’était pas remplie. Il avait été convenu d’abord que les Dialogues seraient imprimés à Rome ; mais à force d’instances Galilée obtint de les imprimer à Florence, où l’impression devait lui coûter moins d’embarras et moins d’argent, où surtout il échappait plus facilement à la surveillance du sacré-palais. Il déploya, dans cette négociation, une fécondité de ressources et une énergie de volonté qui nous donnent la mesure de l’importance qu’il attachait à la publication de son œuvre. Son habileté consista surtout à éviter une seconde révision du texte, qui se serait faite à Rome si l’impression y avait eu lieu. Il aimait mieux avoir affaire