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travaux de mine ont démontré l’existence ; mais les données de la géologie permettent d’affirmer qu’il existe aussi de vastes gisemens sous le permien, le nouveau grès rouge et d’autres formations récentes, dans des districts qui n’ont pas encore été explorés.

En examinant attentivement la direction et l’inclinaison des couches du terrain houiller, en se rendant compte de la manière dont elles plongent sous l’affleurement du permien et des autres formations secondaires, on peut arriver à se faire une idée assez exacte de l’étendue et de la puissance des gisemens qui forment le prolongement hypothétique des divers bassins connus, et qui se trouvent cachés sous des terrains plus récens. Le sous-comité de géologie, composé des professeurs Ramsey, Prestwich, Jeikie, Jukes (remplacé après sa mort par M. Edward Hull), a constaté ainsi que dans les comtés voisins des districts houillers il existe certainement, sous le permien et le nouveau grès rouge, des gisemens de charbon dont la richesse est exactement égale à celle des bassins connus : le total des estimations détaillées, entreprises pour vingt gisemens différens, s’élève à 97 milliards de tonnes, dont 56 milliards à des profondeurs de moins de 1,200 mètres, et 41 milliards au-dessous de 1,200 mètres. La richesse totale des bassins carbonifères de la Grande-Bretagne peut donc s’évaluer à près de 200 milliards de tonnes, dont 146 milliards se trouvent à la portée de nos ingénieurs, c’est-à-dire à des profondeurs de moins de 1,200 mètres, et environ 50 milliards à des profondeurs plus grandes.

Ce n’est pas tout. M. Prestwich soutient, avec M. Godwin Austen, que très probablement la houille existe sous le terrain crétacé du sud-est de l’Angleterre. N’a-t-on pas découvert, il y a près de deux siècles, que le bassin houiller du Hainaut se continuait jusqu’à Valenciennes, et n’a-t-on pas réussi plus tard à le suivre sous la craie jusqu’à 50 kilomètres de Calais ? M. Godwin Austen tient pour très probable qu’après s’être aminci sous la craie près de Thérouanne le terrain houiller reprend sa puissance vers Calais, se continue sous la Manche et se prolonge, en suivant la direction des vallées de la Tamise et du Kennet, jusqu’au bassin de Bristol et de Bath. Il lui parait démontré que les bassins houillers d’une grande partie de l’Angleterre, de la Belgique et de la France sont les débris d’une vaste nappe continue dont on retrouve encore une portion considérable cachée sous les roches secondaires du sud de l’Angleterre. M. Prestwich évalue à 240 kilomètres la longueur de ce lit de houille hypothétique, dont la largeur pourrait varier de 3 à 13 kilomètres ; quant à la puissance des terrains qui recouvrent la houille, elle ne doit pas dépasser 360 mètres. Il pense aussi que la houille existe sous le canal de Bristol, mais à une profondeur qui ne serait pas moindre de 500 ou 600 mètres. Pourtant sir Roderick Murchison