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les yeux d’enfans parfois chétifs, malingres, et par cela même sensibles aux impressions nerveuses, l’aspect d’un mal assez repoussant pour qu’un homme fait ne puisse en supporter la vue sans effort.

À côté de ces asiles que la charité publique ouvre à l’enfance malade, il faut mentionner également ceux que lui offre la charité privée. L’institut des diaconesses protestantes, qui est situé au no 95 de la rue de Reuilly, entretient sur le produit de contributions volontaires une maison de santé qui contient une salle d’environ vingt lits réservés aux enfans. Construite récemment et suivant les données les plus récentes de la science hygiénique, cette maison offre un excellent modèle de l’assistance hospitalière. Dans le même quartier s’élève l’hôpital Rothschild, uniquement soutenu par les libéralités annuelles de ses fondateurs, et qui met deux salles de seize lits à la disposition des enfans israélites, garçons et filles. Dans ces deux hôpitaux privés, l’admission s’obtient principalement au moyen de recommandations, et il est superflu de dire qu’ils ne sont pas accessibles à tout le monde.

Même ainsi complétés par la charité privée, les secours médicaux que l’assistance publique prépare aux enfans ne seraient pas suffisans, si ces secours ne leur étaient distribués que dans les deux hôpitaux des Enfans-malades et de Sainte-Eugénie ! Des règlemens qui sont d’ancienne date défendent en effet de recevoir dans ces hôpitaux des enfans au-dessus de quinze ans, et au-dessous de deux ans. À défaut de règlement, le simple bon sens suffit pour indiquer qu’à l’âge où l’enfant tire encore sa nourriture du sein de sa mère et où il a encore besoin de ses soins incessans, il ne saurait être question de l’en séparer pour l’isoler dans un hôpital. Cependant, comme les enfans de cet âge sont atteints par la maladie tout aussi fréquemment que les autres, il est nécessaire de pourvoir à leurs besoins. Aussi leur a-t-on affecté dans les hôpitaux d’adultes des salles spéciales connues sous le nom de crèches, qu’en cas de maladie, ils sont reçus avec leurs mères, et où l’on reçoit également des mères malades dont les enfans sont bien portans, Pour ce double service, l’Assistance publique ne dispose que de 417 berceaux, dont 166 dans les hôpitaux spéciaux, et ce nombre est insuffisant. Ces salles, toujours assez exiguës, ne sont généralement séparées de la grande salle des adultes que par un couloir ou un vitrage, de telle sorte que les cris de ces enfans doivent troubler le repos des autres malades. Auprès du grand lit classique d’hôpital avec tringles en fer et rideaux blancs, est placé un lit plus petit destiné à l’enfant. Au lit de la mère est fixée une pancarte qui porte la désignation de sa maladie ou de celle de l’enfant. J’ai eu ainsi l’occasion de voir côte à côte et de comparer les deux modèles de pancarte, celui qui était anciennement en usage et celui dont