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Heureux donc ceux qu’on appelle les aigus ; la porte de l’hôpital ne se ferme jamais devant eux. Si le nombre de lits (chose rare) est insuffisant, on établit dans la salle des lits supplémentaires, qu’on appelle dans les hôpitaux d’adultes des brancards. Si après l’admission de l’enfant les visiteurs de l’Assistance publique reconnaissent que les parens de l’enfant sont en état de payer, le remboursement de ses frais de traitement leur sera réclamé. Si le domicile de secours de l’enfant n’est pas à Paris, l’Assistance publique s’adressera dans certaines circonstances à la commune d’où il est originaire[1] ; mais dans aucun cas on ne déroge à ce grand principe d’assistance publique, à ce devoir impérieux de charité qui veut que tout malade ayant besoin de soins urgens soit immédiatement recueilli. L’administration ne se trouve pas ici dans la cruelle nécessité d’opposer l’insuffisance de ses ressources comme pour les adultes, dont à la date du dernier compte moral publié par l’Assistance publique 4,543 avaient été ajournés faute de lits pour les recevoir.

Il n’en est malheureusement pas de même pour les enfans atteints de maladies chroniques. Les lits affectés aux chroniques sont moins nombreux que ceux affectés aux aigus ; les enfans reçus dans les salles de chroniques y font un séjour beaucoup plus long, un an, deux ans, parfois plus. Aussi les lits sont-ils toujours pleins, et dès que l’un d’eux se trouve vacant, il est immédiatement rempli. C’est vainement que, sur le bulletin d’admission préparé par un de ses élèves, le médecin aura ajouté de sa main le mot : urgent. Le nom du petit malade n’en ira pas moins le plus souvent grossir la liste déjà trop longue de ceux qu’on appelle les expectans. Pendant cette attente, la maladie s’aggrave, et l’enfant qui, soigné plus tôt, n’aurait passé que quelques mois à l’hôpital, y séjournera peut-être une année ou plus, encombrant à son tour le service et barrant l’entrée à d’autres. Il y a donc sur ce point insuffisance notoire de nos services hospitaliers. Pour remédier à cette insuffisance, on ne saurait se contenter d’augmenter le nombre des chroniques admis au traitement externe, en leur donnant les appareils permanens dont un grand nombre ont besoin et en les amenant fréquemment à la consultation pour la partie chirurgicale de leur traitement. Il ne faut pas oublier que la scrofule est le point de départ du plus grand nombre de ces affections et que le traitement de la scrofule nécessite des soins d’hygiène générale que les enfans ne pourront jamais recevoir chez leurs parens.

Trouverait-on un remède plus efficace dans la suppression de cette division en salles de chroniques et salles d’aigus qui n’existe

  1. Les sommes recouvrées de ce chef par les deux hôpitaux de Paris se sont élevées, en 1874, à 7,141 francs,