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multiples, dont quelques-uns se dérobent encore aux investigations de la science ; mais au milieu de ces incertitudes il y a cependant des résultats acquis, des précautions certaines qui s’imposent à la vigilance de l’administration, et dont on ne saurait tenir trop de compte dans la direction des hôpitaux d’enfans. C’est ainsi que des expériences d’analyse chimique ont révélé l’adhérence, aux parois des murailles des hôpitaux, de matières organiques, molécules de pus desséché, parcelles de peau, qui sont assurément une cause permanente d’infection et qui rendent nécessaires le blanchiment fréquent des murailles. Cette opération, qui nécessite, il est vrai, l’évacuation d’une salle pendant quelques jours, n’est pas faite aussi souvent que les médecins le réclament, et peut-être néglige-t-on un peu ce moyen d’assainir nos hôpitaux d’enfans. L’expérience a aussi relevé les avantages des salles dites d’alternance, qui permettent d’évacuer et de laisser reposer les unes après les autres toutes les salles d’un hôpital. Dans les salles qui n’ont pas été occupées pendant un temps assez long (principalement dans les salles de chirurgie) ou qui sont occupées pour la première fois, un abaissement de la mortalité se fait presque toujours sentir. Il n’existe pas de salles d’alternance dans nos hôpitaux d’enfans, et c’est l’insuffisance des locaux qui en est cause. On comprend que le grand nombre des expectans ne permette pas, même pour des raisons d’hygiène, de laisser une salle inoccupée pendant un an ; mais ces défectuosités ne sont rien auprès du vice capital de nos hôpitaux d’enfans, qu’on ne saurait signaler avec trop de force : la promiscuité absolue des maladies contagieuses. Il y a longtemps que les inconvéniens de cette promiscuité sont signalés par tous ceux qui s’occupent des questions hospitalières. Voici comment, dès 1839, s’exprimait dans son rapport une commission médicale chargée d’examiner les mesures relatives à l’hygiène des hôpitaux : « Faute de salles destinées à isoler les maladies contagieuses, l’hôpital des Enfans offre chaque jour le spectacle d’enfans qui, entrés la plupart avec une maladie légère, viennent y chercher non la guérison, mais la mort. Plus du cinquième de la mortalité à l’hôpital des Enfans est dû à cette cause, que l’administration peut facilement détruire. Vous seriez affligés, si nous déroulions devant vous le tableau de toutes les maladies contagieuses ou non contractées dans nos hôpitaux. Et cependant c’est au milieu des conditions qui donnent naissance à tant de maladies que nos malades doivent guérir. »

Il était impossible assurément de signaler avec plus d’énergie les vices de l’installation de nos hôpitaux d’enfans et d’adresser à l’administration un plus pressant appel. Il est triste d’avoir à dire que cet appel n’a pas été entendu, et que depuis 1839 aucun effort