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ont donné en 1874 56 millions, en 1875 62 millions de roubles, soit 7 millions de plus que les prévisions budgétaires. Cette branche de revenu est longtemps restée stationnaire, n’augmentant pas en proportion de l’augmentation générale des recettes. Plusieurs causes pouvaient, outre des tarifs prohibitifs, contribuer à ce regrettable phénomène : l’isolement du pays et le manque de voies de communication, la faiblesse et les oscillations de l’exportation, peut-être aussi la contrebande et les malversations des agens du fisc. Depuis quelques années, au contraire, les recettes des douanes suivent une marche ascendante, et c’est là un des faits qui témoignent le plus favorablement des progrès de l’empire, d’autant plus que l’exportation a le plus souvent marché du même pas que l’importation. Vers 1860, le rendement annuel de la douane n’était guère que d’une trentaine de millions de roubles ; on a vu qu’en 1875 elle avait procuré au trésor plus de 60 millions ; c’est donc un revenu qui a doublé en quinze ans. C’est surtout dans les dernières années que la progression a été rapide ; en 1870, le produit n’atteignait encore que 40 millions de roubles. En cinq ans, il y a donc eu une augmentation de 50 pour 100, et cela malgré deux ou trois années de mauvaises récoltes, malgré des tarifs protecteurs encore excessifs, en sorte qu’avec quelques nouveaux dégrèvemens le fisc eût pu espérer une considérable plus-value. Il est à remarquer du reste que l’exportation russe consistant presque uniquement en matières premières et surtout en grains, tout le commerce extérieur de l’empire est dans une étroite dépendance des récoltes annuelles. Les fluctuations de l’exportation ont leur contre-coup sur l’importation. Un autre signe de progrès, c’est précisément que dans les dernières années les oscillations ont été moins fréquentes ou moins brusques et la plus-value plus régulière[1].

En 1874, la dernière année dont nous ayons le relevé, une importation de 471 millions de roubles a laissé entre les mains de la douane 56 millions ; c’est un prélèvement de 12 pour 100 sur l’ensemble des marchandises entrées dans l’empire. Un sixième des denrées importées, soit 76 millions de roubles, ayant été admis en franchise, la moyenne des droits perçus par le fisc est notablement supérieure. Je n’entrerai pas ici dans le détail des tarifs, dont l’étude concerne plutôt l’industrie ou le commerce de la Russie que ses finances. Le plus grand nombre de ces droits est surtout protecteur, et si quelques-uns ont été récemment abaissés, d’autres ont été

  1. Voici la marche générale des importations dans les dernières années : en 1865, 155 millions de roubles ; en 1866, 195 millions de roubles ; en 1867, 252 millions ; en 1868, 260 ; en 1869, 342 ; en 1870, 335 ; en 1871, 368 ; en 1872, 435 ; en 1873, 443 ; en 1874, 471 millions de roubles.