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roubles. La vente des terrains de l’état donne annuellement environ 4 millions, les fermages ou baux librement consentis (par opposition à l’obrokj dont le taux est fixé par la loi), donnent 6 millions, les mines et usines 4 ou 5 millions, les forêts 10 ou 11. Ce dernier chiffre, à peine égal au produit des forêts domaniales françaises, est faible pour un domaine forestier assurément plus vaste que la France entière. Le revenu des forêts de l’état s’est cependant rapidement développé depuis un demi-siècle. Avant 1840, il ne dépassait guère 1/2 million de roubles ; au lendemain de la guerre de Crimée, il en était encore à 1 million ; en 1859, il arrivait à 2 millions ; en 1864, à 4 millions ; en 1870, à 8 millions, doublant ainsi tous les cinq ou six ans. Depuis lors la progression est continue, bien que moins précipitée. Avec la création des voies ferrées et avec une exploitation plus rationnelle les forêts de l’état promettent à l’avenir de larges plus-values[1].

Pour clore l’étude et l’analyse des ressources ordinaires du budget russe, il reste à indiquer les recettes diverses, évaluées, pour les années 1875 et 1876, à une cinquantaine de millions de roubles. Le revenu des titres rapportant intérêt en possession du trésor, et particulièrement d’obligations de chemins de fer, forme le principal contingent de ce chapitre. Ce qu’il offre de plus digne de remarque, ce sont les recettes des contrées de la Russie d’Asie soumises à un régime spécial, ce que l’on pourrait appeler le revenu colonial de l’empire. Les contributions prélevées dans le Turkestan ne dépassent guère 2 millions 1/2 de roubles, les redevances imposées aux Kirghiz de la horde intérieure n’atteignent pas 200,000 roubles. Pour le Turkestan au moins, ce sont des recettes qui doivent être loin d’égaler les frais d’administration, et surtout les frais de conquête et d’occupation militaire. Le revenu du Transcaucase est estimé, pour 1876, à 7 millions de roubles, et les seules dépenses de l’administration civile égalent à peu près ce chiffre. Les autres régions d’Asie soumises au sceptre du tsar n’ont point de place spéciale dans le budget des recettes. La Sibérie est assimilée au reste de l’empire, et les impôts levés sur les tribus aborigènes, Samoièdes, Vogules, Kirghiz d’Orenbourg, Boudâtes, etc., tout

  1. Au budget des domaines sont encore inscrites les recettes des chemins de fer construits aux frais de l’état, soit 2,900,000 roubles pour l’exercice 1875, et seulement 1,891,000 pour les prévisions de 1876. Il y faut ajouter le revenu des obligations de chemins de fer appartenant à l’état, estimé pour 1876 à 16 millions de roubles Ces recettes sont plus que compensées par les engagemens du trésor vis-à-vis des voies ferrées. Il y a du reste en outre un fonds particulier et une sorte de budget spécial pour les chemins de fer, et il est plus naturel de réunir dans nos études tout ce qui touche à cette importante question.