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CHEZ LES PHARAONS

BOULAQ ET SAQQARAH.

Je voudrais, avant qu’elles soient refroidies et confuses, demander aux bonnes heures que j’ai vécues dans la petite maison de Boulaq et dans le désert de Saqqarah leurs enseignemens familiers. Durant plusieurs mois, j’ai passé mes meilleures journées au bord du Nil dans l’intimité des premiers dieux et des plus anciens hommes qu’il nous soit donné de connaître : j’ai eu la rare fortune de les voir revivre aux leçons du maître qui leur prête sa bonne grâce et sa pénétrante sagacité, de notre éminent Mariette ; j’en ai emporté le sentiment d’une révélation capitale. Je ne viens point ici me mêler aux controverses des savans, à leurs recherches pénibles, à leurs discussions de détail : je suis, je le confesse, étranger au grimoire des hiérogrammates et n’en saurais deviner un signe. J’ai simplement interrogé les interprètes les plus autorisés et recueilli dans les lectures acquises par eux ce qui m’a paru le plus propre à frapper les esprits ; surtout je suis revenu obstinément m’asseoir dans les tombes et les salles silencieuses où sont réunis tous ces témoins d’autrefois, regardant, écoutant, percevant chaque jour plus distinctement les voix secrètes qui sortent de ces pierres. C’est peut-être assez pour parler ici, librement et à la fortune des souvenirs, de la première société égyptienne, celle qu’on est convenu d’appeler l’ancien empire, telle qu’elle m’est apparue dans les lieux où elle a vécu, dans ses monumens, ses représentations figurées. Sans sortir de la nécropole de Saqqarah et du musée de Boulaq, en s’en tenant aux résultats rigoureux, incontestés de la