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car la Norvège a conservé. son autonomie. Elle a son budget particulier. Une somme d’environ 4 millions y est inscrite pour l’entretien de sa marine. Mais la loi prévoit le cas où le gouvernement se verrait obligé de faire appel aux forces vives de la nation. En temps de paix, les volontaires suffisent aux besoins de la marine militaire. S’ils ne se trouvaient pas assez nombreux en temps de guerre, leur nombre pourrait être complété par la conscription, qui s’applique aux marins comme aux soldats. La durée du service, pour les uns comme pour les autres, est de dix ans. Cette organisation est très respectable, et si l’on se représente les avantages que la configuration du pays donne à la défense, on reconnaît que même une grande puissance n’arriverait pas aisément à envahir la Scandinavie et à s’y ravitailler par mer.

Le budget maritime de la monarchie suédoise, tel qu’il a été présenté au Landtag pour l’année 1876, comprend 5 monitors, 8 canonnières cuirassées, plus 1 vaisseau, 1 frégate et 11 canonnières à hélice. Un certain nombre d’autres navires avaient été mis à la même époque en construction à Carlscrona. Mais le gouvernement ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, et le ministre de la marine, baron V. Otter, a proposé de fixer au moins provisoirement l’effectif de la flotte à 6 béliers et 20 canonnières cuirassées, 20 canonnières non cuirassées, 4 bateaux-torpilles. Il a demandé, en outre, l’établissement sur la côte occidentale du pays, à Undervalla, d’une station fortifiée. Ainsi préparée, la Suède peut continuer en paix à développer ses ressources, et lorsque le délai de douze années qu’a demandé le ministre pour exécuter son projet sera écoulé en 1888, l’indépendance de la Suède sera garantie autant que peut l’être celle d’un état secondaire contre les forces supérieures des deux puissances voisines,


V.

Avant de dire, en terminant, quelques mots des préparatifs maritimes de la Hollande, il n’est pas inutile de rappeler les procédés de la Prusse à l’époque de l’invasion du Hanovre sur la frontière néerlandaise, Il y avait là un roi aveugle, aimé de ses sujets, institué par les traités, sympathique à l’Angleterre, dont la protection semblait devoir le couvrir. Il avait tous les droits : ceux de la faiblesse respectable, ceux de la sanction européenne, ceux de l’assentiment populaire justifié par un gouvernement honnête. Or, le 13 juin 1866, le roi de Prusse demanda au roi de Hanovre l’autorisation de faire passer par le territoire hanovrien un corps d’armée venant du Holstein. L’autorisation accordée, l’on apprit à la cour de Hanovre