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M. Gaston Boissier les portes de l’Académie française; M. Waddington, que nous avons déjà rencontré à Palmyre, dans la Grèce et dans la terre-sainte, a retracé les fastes des provinces asiatiques de l’empire romain jusqu’au temps de Dioclétien; M. Léon Renier a fait paraître la première livraison du Recueil des diplômes militaires; M. Belot, professeur à la Faculté de Lyon, a terminé l’Histoire des chevaliers romains, considérée dans ses rapports avec celle des différentes constitutions de Rome depuis le temps des Gracques jusqu’à la division de l’empire, et il faut citer aussi les Antonins d’après les monumens épigraphiques de M. E. Desjardins, et les Administrations municipales des campagnes dans les derniers temps de l’empire, par M. Lecesne.

Les Diplômes militaires de M. Renier sont un curieux chapitre de l’histoire des armées romaines sous les empereurs. Bien que tout citoyen fût astreint au service obligatoire, l’Italie ne pouvait fournir assez d’hommes pour garder ses conquêtes, et pour maintenir son effectif sur un pied respectable, elle enrôlait dans les cohortes les peuples qu’elle avait vaincus. Pour retenir dans ces légions étrangères les Numides, les Bretons, les Thraces, les Illyriens et autres barbares, il fallait des récompenses. A ceux qui avaient vaillamment et honorablement servi, fortifer et pie in militia funrtis, les empereurs accordaient pour eux et leur postérité, née ou à naître, le droit de cité romaine et le droit de connubium, c’est-à-dire la validation des mariages qu’ils avaient contractés ou pouvaient contracter à l’avenir, ce qui impliquait la légitimation des enfans. L’acte qui conférait ces droits était gravé en double expédition, l’une sur une plaque d’airain en forme de diptyque que le soldat portait sur lui, l’autre sur des tables scellées dans les murs du Capitole ou dans les temples. Ces tables étaient pour les soldats d’élite retraités des cohortes de véritables brevets de la Légion d’honneur. Elles rappelaient le corps où ils avaient servi, l’armée à laquelle ce corps appartenait : armée de Bretagne, de Germanie inférieure et supérieure, de Dacie, de Mésie, etc., le nom des généraux. Le Recueil des Diplômes renferme ainsi une foule d’indications sur l’état militaire de Rome sous les empereurs et montre une fois de plus quel utile concours l’épigraphie apporte à l’histoire; il donne une idée du ramas de barbares dont se composaient les armées de l’empire et de la forte organisation qui maintenait dans le devoir tant d’élémens incohérens.

Dais la série des études romaines, nous nous arrêterons plus particulièrement au livre de M. Belot, les Chevaliers romains, non-seulement parce qu’il fait grand honneur à l’université, mais aussi parce qu’il donne quelques bonnes leçons aux savans d’outre-Rhin, et leur apprend qu’ils ont passé plus d’une fois près de la vérité