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des rois de France, de François Ier à 1793, est comme le bulletin d’agonie de la dynastie capétienne. Cette grande race, qui avait toujours eu, comme le disent nos vieux publicistes. Dieu à ses côtés, semble, à dater du XVIe siècle, marquée d’un sceau fatal. François Ier meurt victime des faveurs de l’Avocate; Henri II tombe, dans une fête, mortellement frappé par la lance de Montgommery; Charles IX expire baigné d’une sueur de sang; Henri III est éventré par Jacques Clément, Henri IV par Ravaillac; le peuple insulte le cercueil de Louis XIV; le cadavre de Louis XV descend furtivement dans les caveaux de Saint-Denis, pour éviter de nouveaux outrages, et ce sombre drame de la royauté française se dénoue sur la guillotine. Chose vraiment singulière, sous la monarchie de 1830 et sous l’empire, l’histoire de la première république produisait chaque année un nombre relativement considérable de volumes et de brochures; aujourd’hui, sous la république, nous revenons à l’histoire des rois. La révolution donne encore quelques ouvrages, parmi lesquels on distingue, au point de vue antirévolutionnaire, le Thermidor de M. Ch. d’Héricault. Quant à la nouvelle école historique républicaine, il faut lui rendre cette justice qu’elle se dégage de plus en plus des traditions néfastes du jacobinisme. Les traînards de l’arrière-garde s’obstinent seuls à glorifier la terreur, sous prétexte qu’elle a sauvé la France, et quand les grands pontifes de la politique d’égorgement font l’apologie du tribunal révolutionnaire et de Robespierre, on leur répond que le dernier éditeur de ses œuvres a été l’un des plus actifs instigateurs de la commune, et qu’on peut juger du maître par les élèves.

L’histoire du catholicisme est toujours l’objet d’un très grand nombre de publications, les unes graves, savantes, vraiment dignes des meilleures traditions du clergé français, les autres compromettantes pour la foi qu’elles ont la prétention de défendre. Le merveilleux déborde, il fait concurrence aux spirites et aux médiums, et nos modernes hagiographes laissent bien loin derrière eux, dans les régions infinies du surnaturel, la Légende dorée de Jacques de Vorage. Qu’ils célèbrent les vertus des saints, ces grandes vertus chrétiennes qu’on appelle le dévoûment, la résignation, la charité, qu’ils proposent à notre immense orgueil leur humilité pour exemple, sceptiques ou croyans, tous applaudiront; mais pourquoi mettre toujours le miracle à côté de la vertu? Pourquoi compromettre la mère immaculée de Jésus par des légendes qui n’ont pas même la poésie naïve du vieux temps et la réduisent au rôle d’un officier de santé qui traite les rhumatismes et les paralysies? Vouloir guérir l’incrédulité par l’incroyable, c’est faire une malencontreuse application de la formule : contraria contrariis. Mais ce n’est point seulement par l’abus du merveilleux que pèchent un